L’objectif du Dictionnaire des écrivains émigrés au Québecest de rendre compte, de manière à la fois exhaustive et synthétique, d’un aspect méconnu de la vie culturelle du Québec : l’immigration littéraire. Ce terme désigne ici un phénomène important puisque la démarche de Daniel Chartier consiste à mettre au jour l’impact de « toute activité ou problématique liée à la littérature qui se déroule au Québec ou qui a une incidence sur la littérature telle qu’on la conçoit au Québec ». Cela suppose de recenser les écrivains rattachés à ce courant de la littérature québécoise contemporaine que Robert Berrouet-Oriol a appelé « la littérature migrante ». Plus largement, une telle démarche tend à montrer en quoi les six cent vingt-huit auteurs recensés dans ce dictionnaire ont contribué au dynamisme de la vie culturelle d’ici.
Un tel ouvrage présente l’intérêt de révéler l’importance et la nature de cette contribution. En effet, comme le rappelle Daniel Chartier, l’apport des écrivains émigrés au Québec ne se réduit pas aux textes littéraires qu’ils ont publié : « [L]argement traduits, hautement scolarisés, ils ont le plus souvent occupé un poste dans l’enseignement, le journalisme, l’édition ou la fonction publique». En outre, la perspective socio-historique permet de révéler l’effet que l’assouplissement des lois canadiennes sur l’immigration et l’évolution du contexte international ont eu sur le paysage littéraire québécois : à côté des auteurs francophones venant d’Europe, on retrouve des écrivains (dont certains sont considérés comme des figures majeures de la littérature actuelle) issus du Brésil (Sergio Kokis), d’Égypte (Mona Latif-Ghattas), d’Haïti (Dany Laferrière) ou encore des États-Unis (David Homel).