Cinquième roman de cet écrivain et musicien country originaire du Nevada, Devenir quelqu’un expose les efforts d’un jeune rancher pour se prouver qu’il peut devenir un grand boxeur.
Horace Hopper, jeune « gothique » de 21 ans aux origines païutes et blanches, est considéré comme une sorte de fils adoptif par Eldon et Louise Reese, le couple de vieux ranchers qui l’emploie depuis sept ans sur sa propriété située à une centaine de kilomètres de Tonopah, dans le Nevada. Puis, un jour, déterminé à devenir un champion de boxe sous le nom d’Hector Hidalgo, Horace prend le car pour Tucson et s’en va mettre sa bonne étoile à l’épreuve. S’il est un redoutable cogneur, Horace a la fâcheuse manie de se figer devant ses adversaires. C’est donc un apprentissage à la dure qui l’attend. Mais parviendra-t-il à encaisser tous les coups ? « Être soi-même demande d’avoir du cran », observe avec perspicacité le vieil Eldon. Le sport, on l’aura compris, sert ici de métaphore au destin. Rejeté très tôt par ses parents, exploité par son coach et abandonné par sa petite amie, Mariana, qui doit en épouser un autre, Horace va de déconvenue en déconvenue. Les Reese, de leur côté, tout en étant rongés d’inquiétude pour lui, affrontent eux aussi leur part de difficultés. Les douleurs lombaires d’Eldon l’empêchent de monter à cheval, ce qui rend la vente du ranch de plus en plus inéluctable.
Si le sujet ne brille pas forcément par son originalité – ce n’est certes pas la première fois qu’on lira l’histoire d’un jeune idéaliste qui peine à trouver sa place dans le vaste monde –, le traitement que lui réserve Vlautin est tout simplement bouleversant. Une empathie, une tendresse hors du commun se dégagent de la plume de ce romancier qui compte, assurément, parmi les meilleurs de sa génération.