Jean Ziegler enseigne la sociologie à l’Université de Genève. Il a été rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation de 2000 à 2008, et il est maintenant vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Dans son essai Destruction massive, Géopolitique de la faim, il s’insurge contre les facteurs qui provoquent la sous-alimentation, la faim et la mort dans plusieurs régions du monde. « La destruction, chaque année, de dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants par la faim constitue le scandale de notre siècle », dénonce-t-il. Il rappelle que « l’agriculture mondiale pourrait nourrir sans problèmes 12 milliards d’êtres humains, soit deux fois la population actuelle ». C’est pourquoi il affirme que la situation n’a rien d’une fatalité. « Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. »
Les raisons qui provoquent la destruction massive par la faim de tant d’êtres humains sont multiples. Parmi celles-ci figurent les politiques néolibérales mises de l’avant par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, que Jean Ziegler qualifie de « trois cavaliers de l’Apocalypse de la faim ». Les exigences de ces organismes auprès des gouvernements de pays qui croulent sous les dettes les empêchent d’investir dans l’agriculture de subsistance. Le contrôle croissant exercé sur de vastes secteurs de la production et du commerce alimentaire par de puissantes sociétés transnationales privées est également néfaste en regard du droit à l’alimentation.
La spéculation financière sur les aliments de base et la production d’agrocarburants contribuent aussi à répandre la faim en provoquant une flambée des prix. Il ne faut pas oublier l’accaparement des terres agricoles par des fonds d’investissement ou des entreprises transnationales qui diminue les surfaces destinées à la culture vivrière afin de faire pousser des aliments destinés à être exportés vers l’Occident.
Jean Ziegler se qualifie lui-même de socialiste et d’homme de gauche. Son nouvel essai s’inscrit à la perfection dans son combat pour l’édification d’un monde meilleur et plus équitable. Monde dont il a sans doute déjà contribué significativement à l’amélioration. Mais il reste tant à faire…