Dès le prologue, la table est mise : « J’ai eu envie de rendre hommage à nos chums pour toute leur splendeur de gars abonnés à Kijiji et attachés à leurs réguines. Une ode à l’homme dans tout son resplendissement ».Premier roman sans début ni fin, Des réguines et des hommes de Julie Myre Bisaillon hybride les genres et se définit par l’indéfini. Le livre erre entre recueil de nouvelles, essai et roman. En guise de chapitres, des anecdotes relatant des situations anodines du quotidien d’un couple. Le personnage masculin est mis en scène dans toutes les historiettes, et ce, sous différents angles qui, au final, se ressemblent et constituent le fil conducteur. L’écrivaine frôle l’essai humoristique en abordant les différences de personnalité et de comportements entre hommes et femmes, le tout dans un contexte de retour à la terre sur une ferme maraîchère.Aucune coquinerie ou parole (mis à part le fait qu’ils s’appellent « mon chum » et « chérie » de façon compulsive) ne peut laisser croire que les personnages forment un couple. D’ailleurs, l’écriture très factuelle et dépourvue de sensibilité constitue une faiblesse du roman et précipite le désintérêt. Les dialogues, quasiment invraisemblables et vides de sens, empêchent toute possibilité de créer un lien constant entre les lecteurs et les personnages. À titre d’exemple, l’héroïne parle de ses enfants en leur attribuant un numéro (enfant fille 2), ce qui déshumanise encore plus les protagonistes.Des réguines et des hommes commence en force en nous faisant sourire avec ses descriptions de personnages justes, et parce que nous connaissons tous quelqu’un qui accumule des « réguines ». En revanche, l’essoufflement du récit et la minceur du contenu donnent à penser que l’écrivaine aurait eu tout à gagner en choisissant un autre genre que le roman, comme le recueil d’anecdotes, très court et tout aussi léger.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...