Ce recueil contient 29 nouvelles choisies à la suite d’un concours ouvert à tous, Canadiens et étrangers. Leur point commun est de mettre en scène la ville des Gatinois, celle d’hier ou celle d’aujourd’hui. Des lieux plus ou moins familiers de l’ancien Hull, du quartier Aylmer et de Gatineau forment la trame de ces récits, à la manière du film Montréal vu par (1991), lui-même inspiré du collectif Paris vu par (1965). On y parle par exemple du Musée canadien des civilisations (rebaptisé depuis), de l’ancienne usine E. B. Eddy de Hull, de la Promenade du Portage ou encore du Café Aux Quatre Jeudis. Au départ, une centaine de textes avaient été soumis ; quatre de ces nouvelles avaient été récompensées par un jury.
Si la plupart des auteurs réunis sont des « écrivains en herbe », on peut découvrir de beaux passages dans ce recueil néanmoins inégal. Ainsi, dans la nouvelle la plus brève mais la plus évocatrice du livre (« La dame en gris »), Michelle Mondoux met subtilement en valeur le patrimoine perdu de Gatineau. Parmi les auteurs ayant déjà connu la notoriété, on reconnaîtra le professeur Stéphane-Albert Boulais, empruntant ici une identité féminine, celle d’une historienne de l’art parisienne, pour découvrir virtuellement Gatineau. Mais le texte le plus maîtrisé de ce recueil est situé presque à la toute fin : dans une histoire insolite mêlant habilement mystère et science-fiction (« Les enquêteurs du surnaturel »), Normand Grégoire nous offre un magnifique moment de littérature en décrivant avec doigté une intrigue évoquant des rues oubliées de Gatineau.
Ce type de concours, en plus de permettre à de nouveaux auteurs de publier, met en valeur des lieux ou une ville souvent négligés dans nos imaginaires qui restent trop centrés sur Montréal ou Toronto, que ce soit au cinéma, dans les téléromans ou dans notre littérature, à part quelques exceptions notables. Nous ne sommes certainement pas le pays d’une seule ville !
Une deuxième édition du concours « Des nouvelles de Gatineau ! » a eu lieu en 2012.