Godfrey Hodgson est un écrivain et historien britannique et il a été journaliste à Washington pendant plusieurs années. Il connaît donc bien les États-Unis que, à l’exemple de nombre de citoyens de ce pays, il appelle « Amérique ». Visiblement, il admire et respecte son pays, ce qui ne l’empêche pas d’en tracer un portrait sans complaisance.
Depuis l’élection de Ronald Reagan, l’Amérique a été gouvernée, pour la majorité des mandats, par des républicains, dont le parti, par définition, est conservateur. Hodgson déplore que même le Parti démocrate ait glissé vers la droite, lors des deux mandats du président Clinton. L’auteur croit que cette vague conservatrice qui a déferlé sur le pays est due en partie à un effet de ressac à la suite du mouvement pour les droits civils soutenu par les présidents Kennedy et Johnson dans les années 1960 et 1970. Certains ont jugé excessive cette ouverture en faveur des Noirs, des femmes et d’autres groupes et se sont sentis menacés par elle. Hodgson se demande d’ailleurs jusqu’à quel point cette ouverture a pu découler de la concurrence livrée au bloc communiste. Cette motivation s’étant estompée, avant de disparaître, l’auteur constate aujourd’hui une stagnation, sinon une certaine régression au chapitre de l’égalité des chances.
Quoi qu’il en soit, il existe aux États-Unis un clivage économique de plus en plus marqué. Quand la croissance est revenue, après plusieurs années de stagnation économique, les gains ont été très inégalement répartis. Cette inégalité a été encore aggravée par les réductions d’impôts accordées surtout aux foyers les plus riches, en 2001, par l’administration Bush. La diminution des revenus de l’État s’est accompagnée d’une baisse des dépenses pour l’éducation supérieure et la santé, ce qui a forcément eu pour effet d’en réduire l’accès aux moins bien nantis.
Ces exemples, et bien d’autres, font dire à Godfrey Hodgson que la société américaine est de plus en plus inégalitaire. Mais il croit que la tendance peut bientôt s’inverser, notamment avec la prise du pouvoir du Parti démocrate en 2008. Avec Barack Obama à sa tête, des changements très importants pourraient être au rendez-vous…