Sillonnée par l’une des plus anciennes routes encore existantes de tout notre continent, la « Coste de Beaux-Prés » (comme on l’écrivait du temps de la Nouvelle-France) demeure le point de départ de 170 familles souches du Québec.
Mais les promeneurs et les cyclistes les plus performants ne soupçonnent pas toujours le nombre infini de lieux de mémoire qu’ils contournent sans les identifier comme tels ou sans pouvoir les (re)connaître. Voilà un guide indispensable qui permet de les localiser et de les apprécier.
La Côte-de-Beaupré ne fait pas partie de la ville de Québec, et ce n’est pas encore Charlevoix ; ce guide illustré reconfirme qu’il y a beaucoup plus à visiter que la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré (au demeurant grandiose) et le site d’observation faunique du cap Tourmente. Le quinzième titre de la collection « Curiosités » révèle une centaine de lieux d’intérêt, à partir de Boischatel par la vallée de la rivière Montmorency, sans se limiter uniquement à la célèbre chute et à sa voisine, la cascade de la Dame blanche. En amont, il existe une grotte étroite sous la rivière Ferrée, mais aussi des phénomènes géologiques comme les roches plates et, plus loin, les résurgences (lorsqu’une rivière souterraine réapparaît ; celle-ci resurgit). Les randonneurs et les familles découvriront des lieux pittoresques et méconnus, auxquels Frances Caissie et Pierre Lahoud apportent une contextualisation indispensable. Ainsi, dans la municipalité de L’Ange-Gardien, aux limites de Château-Richer, l’automobiliste ne peut pas rater le majestueux château Richard, datant de 1906 et décrit comme une « magnifique demeure victorienne qui se détache du paysage » (ne se visite pas) ; le commentaire raconte comment le premier propriétaire a choisi ce style et cet emplacement surplombant la côte. Une autre notice documente les nombreux caveaux à légumes aperçus le long de l’avenue Royale.
Signe de son exhaustivité, Curiosités de la Côte-de-Beaupré est le seul livre qui mentionne l’emplacement exact de la maison de campagne de Saint-Tite-des-Caps utilisée dans le film d’Hitchcock, La loi du silence (I Confess, 1953), pour abriter la rencontre en tête-à-tête entre le futur prêtre et la femme mariée. Toutefois, une petite erreur factuelle subsiste pour un détail : le tournage des intérieurs des autres séquences a eu lieu à l’église Saint-Zéphirin-de-Stadacona, et non à l’église Saint-Charles (comme mentionné à la page 192).
L’avantage de la collection « Curiosités » publiée par GID est de retracer l’historique de lieux insoupçonnés ou inexpliqués qui possèdent une indéniable valeur patrimoniale ; le patrimoine n’est pas toujours apparent et exige souvent une contextualisation, ce que font les plaques commémoratives ou, idéalement, les leçons d’histoire contenues dans les précieux guides de GID. La qualité des cartes régionales (essentielles) et la pertinence des photographies (anciennes et récentes) permettent de planifier une visite patrimoniale avec précision, beaucoup mieux qu’en consultant les brochures gouvernementales (trop brèves et trop axées sur les loisirs) et les sites Internet (souvent superficiels). Compte tenu du nombre relativement restreint d’ouvrages consacrés spécifiquement à cette région emblématique, on rêverait d’une réédition en format géant, avec cinq pages de contextualisation par site et des illustrations en couleurs.