À travers l’histoire, le binôme musique/politique a suscité bien des dissonances… et des discussions entre experts.Ces actes, d’un séminaire de maîtrise tenu à l’Université de Montréal, explorent différentes facettes de ce que l’on pourrait appeler la mise en scène de la musique, essentiellement classique, mais aussi de l’historiographie de la musique et de l’opéra. Bien que ceux-ci prolongent une série de rencontres universitaires, plusieurs des textes s’apparentent davantage à des essais, voire à des « work in progress », qu’à des articles savants ou à des leçons ; la moitié des intervenants sont des praticiens ou des metteurs en scène dont les contributions (pensons à celles de Nicola Beller Carbone et de Marie Chouinard) apportent hélas ! peu à la réflexion. Les exposés – inévitablement inégaux – adoptent diverses approches, essentiellement historiques. Les derniers chapitres consacrés à l’opéra sont de loin les plus intéressants, notamment le texte de l’ex-député Daniel Turp, qui retrace avec passion l’histoire de L’Opéra, la revue québécoise de l’art lyrique. Réfléchissant sur le concept d’identité nationale québécoise, Daniel Turp soutient que le Québec aurait désormais « sa propre identité lyrique ». Cette hypothèse trop peu explorée mériterait d’être reprise de façon plus approfondie.Pour la plupart, ces contributions se présentent soit comme des (auto)portraits d’artistes ou des études historiques ou sociales, la plus enthousiasmante étant celle sur la mise en scène de François Girard pour l’opéra Parsifal de Wagner, montée au MET. Ailleurs, sur fond de compromission avec le régime hitlérien, un chapitre solidement documenté de Thomas Voigt présente la rivalité entre deux chefs d’orchestre durant les années 1930 et 1940 : l’inimitable Allemand Wilhelm Furtwängler (1886-1954) et l’Autrichien Herbert von Karajan (1908-1989). Chacun voulait alors être reconnu comme « le » musicien par excellence du grand Reich ; mais après la déroute allemande de 1945, leurs attitudes ont changé et leur rivalité s’est amoindrie.L’aspect sur la dissonance reste en soi assez peu exploré : rien sur Liszt ou Satie, pourtant considérés comme les véritables initiateurs de la dissonance au XIXe siècle. Un séminaire à l’intersection de la musicologie et de la politique ne peut épuiser un sujet aussi vaste et aussi évanescent, et plusieurs contributions ici réunies embrassent trop large sans approfondir suffisamment ; certaines se bornent à des résumés d’œuvres musicales. Mais avec ses pistes de recherche dans des directions originales et aussi peu fréquentées, Création, dissonance, violence. La musique et le politique intéressera surtout les metteurs en scène ainsi que les chercheurs en musicologie, en anthropologie et en histoire culturelle.
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