Créature subordonnée à l’Ordre de l’étoile rouge, Sergueï Plotkine, l’antihéros amnésique de Maurice G. Dantec, a pour mission de tuer le maire de Grande Jonction, interface entre la Terre et l’Espace, cité transfrontalière canado-américaine réchappée de la Deuxième Guerre de Sécession. Dans sa chambre d’hôtel, assisté d’une espèce d’ectoplasme cybernétique, El Señor Métatron, plénipotentiaire omniscient, Plotkine se prépare à remplir sa mission. Pendant presque la moitié du roman, Sergueï Plotkine observe, scrute, dresse des plans jusqu’à ce que survienne, comme un hiatus dans le cerveau programmé en langage-machine de cet être supranaturel, la femme : « Elle est feu astral, elle est la manifestation vivante du feu astral, elle est là, au bord du hublot circulaire donnant sur le monde des humains et c’est aussi beau et aussi pur qu’une icône ».
Puis c’est la déroute laborieuse, le dérapage incontrôlé… de ce polar ? roman de science-fiction ? hybride multicellulaire et arborescent aux dendrites formées d’un savant mélange d’idéologie, de technologie, de métaphysique – qu’on me pardonne, ce doit être contagieux ! – en une dérive verbale, un Sdème high-tech, gênante intumescence du genre romanesque.
Délire dantecquien dans toute sa quintessence ! Écrivain hors-norme, écriture hors-catégorie je me demande encore après la lecture de Cosmos incorporated ce dont ce roman parle. En fait, je l’avoue, j’ai bien dû somnoler pendant les deux tiers du livre car la prose dantecquienne exerce sur mon cerveau davantage d’effet que la benzodiazépine. Avis aux insomniaques !
Trou noir littéraire. Indigeste.