Il a été chanté par les Gal Costa, Caetano Veloso, Joao Gilberto et autres Antonio Carlos Jobim et Joao Gilberto qui ont fait la renommée de la bossa-nova brésilienne. Il figure sur toutes les publicités, apparaît à coup sûr dans les émissions de télé, les documentaires et les films sur le Brésil. Ce Corcovado avec, au sommet, son Christ rédempteur qui ouvre grands les bras en croix pour protéger le peuple le plus métissé au monde, est le symbole même de Rio de Janeiro. Et c’est l’histoire de l’édification de ce Redentor tout au faîte du « bossu » (corcovado en portugais) que raconte le premier tome de la trilogie romanesque de Jean-Paul Delfino, auteur de polars, ex-journaliste et spécialiste de musique brésilienne.
Une histoire qui commence cependant sur les docks de Marseille où Jean Dimare, Français à la double ascendance portugaise et italienne, vit au jour le jour de la force de ses bras. Menacé à la suite de l’homicide accidentel d’un des fils du patriarche de la mafia grecque locale, il s’enfuit à bord d’un paquebot qui le débarque dans le Rio des années 1920. Dans la jeune nation en effervescence, tout est possible. Même devenir Joao Domar, tour à tour fils adoptif d’un lointain cousin de la bourgeoisie carioca, malandro semant la terreur dans les favelas, et assistant de l’architecte à qui est confiée la création d’une statue représentant la prédominance de la foi chrétienne dans un pays où les esprits des tribus indigènes, les anciens dieux africains et les saints catholiques s’entremêlent et se confondent.
Malgré une écriture truffée de clichés, des personnages fictifs et historiques sans épaisseur, Corcovado séduira le lecteur attiré par le Brésil et sa culture. À travers une décennie déterminante dans la vie de son héros, Jean-Paul Delfino propose ni plus ni moins que de le suivre au cœur de ces années charnières dans l’histoire de Rio de Janeiro et du Brésil. Naissance de la samba, du Carnaval et du modernisme littéraire, explosion démographique et création des favelas, rites du macumba célébrés par les Mères des saints, fêtes du Nouvel An sur les plages où les Cariocas vêtus de blanc lancent sur la mer leurs offrandes à Iémanja Corcovado offre un forfait tout compris pour un voyage de 403 pages.