Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les droits des Autochtones auraient évolué significativement au cours des dernières décennies, du moins du point de vue juridique. À partir de douze causes qui ont fait date, l’avocat René Morin met en évidence ces avancées méconnues.
L’auteur de La construction du droit des Autochtones par la Cour suprême du Canada réaffirme la nécessité de bien connaître l’histoire nationale et les modes de vie des Autochtones afin que leurs défenseurs puissent bien faire valoir leurs droits ancestraux. C’est le fil conducteur de ce livre clair et accessible, même pour les non-spécialistes. Plus historique, la première moitié résume le climat de bonne entente ayant régné en Nouvelle-France jusqu’à la fameuse « Paix des braves », en 1701. Les Autochtones baptisés étaient considérés comme des citoyens à part entière (ce qui ne fut plus le cas lors de la Confédération de 1867) : « Les Français ne jugeaient donc pas nécessaire de conclure des traités de cession avec les Indiens puisqu’ils [les Amérindiens] étaient devenus des Français et qu’ils pouvaient s’établir sur les terres concédées à des religieux pour leur bénéfice ». On évoque ensuite les relations plus tendues sous le Régime britannique qui – dans les faits – ne reconnaissait pas toujours les alliances qui avaient été conclues avant 1763 : « Cette pratique de non-reconnaissance des droits ancestraux et de non-conclusion de traités se continua sous le régime anglais et par la suite ». Ce n’est qu’en 1975 que la situation commença à changer, comparativement aux premières années de la Confédération de 1867, qui marquèrent un recul pour les Autochtones.
La dernière moitié du livre décrit douze causes décisives qui ont fait évoluer la reconnaissance des Autochtones, par exemple « l’affaire Calder » en 1973, dont le jugement par la Cour suprême marqua un tournant majeur en faveur des Premières Nations : « Il signifiait que la présence d’un groupe autochtone organisé sur un territoire donné depuis des temps immémoriaux était en soi une source de droit autochtone susceptible de contrer l’application des lois, Proclamation royale ou pas ».
Longtemps considéré comme le grand spécialiste des droits des Amérindiens au gouvernement du Québec, René Morin conclut en réaffirmant la nécessité pour les Autochtones de dialoguer avec les législateurs et de prendre part à toutes les tribunes et débats : « Ils ne doivent pas faire le minimum et reprocher par la suite aux autorités de ne pas les avoir écoutés et faire retomber tous leurs déboires sur les épaules de celles-ci ». Ce pionnier des droits des Premières Nations ajoute que « les droits ancestraux et le titre indien sont des droits collectifs en ce sens qu’ils n’appartiennent pas à un Autochtone en particulier ». Cependant, ces avancées ne devraient pas nous faire oublier qu’il reste encore une longue route vers l’égalité pour les nations fondatrices du Canada.
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