Une petite ville de l’Italie contemporaine. Un garçon de treize ans, Cristiano, et son père, Rino Zena, chômeur alcoolique et néonazi, unis tout autant par un amour excessif que par la violence et la peur. Les deux amis de Rino : Corrado Rumitz, surnommé Quattro Formaggi à cause de son appétit sans limites pour la pizza aux quatre fromages, dont le corps est agité de soubresauts incontrôlables depuis qu’il a failli mourir d’une décharge électrique, et Danilo Aprea, sans cesse à la recherche de moyens pour reconquérir sa femme qui l’a quitté depuis plusieurs années. Le fantôme honni de la mère de Cristiano partie un jour sans laisser de trace et en abandonnant son fils aux seuls soins tordus du père. Les ennemis, ceux du père ou du fils : Beppe Trecca, le travailleur social qui laisse constamment planer la crainte d’enlever la garde de Cristiano à son père pour le confier à un foyer, le commerçant Castardin et l’entrepreneur Marchetta qui ont congédié Rino, le jeune motard Tekken qui a eu la mauvaise idée de donner sa première raclée à Cristiano, les trop belles filles du collège, Esmeralda et Fabiana, qui se moquent du jeune garçon, et tous les autres qui ont la mauvaise idée de se mettre en travers de leur chemin. Et bien sûr la victime expiatoire et pas tout à fait innocente de cette tragédie qui évolue jusqu’au point de non-retour en quatre jours à peine.
Lauréat du prestigieux prix Strega 2007 de la littérature italienne, Niccolò Ammaniti dépeint, avec Comme Dieu le veut, une société marquée par la violence et l’abrutissement où les paumés donnent libre cours à leur fureur viscérale. Il faut lire le passage où Rino, qui découvre le visage tuméfié de son fils après avoir été battu, se reproche amèrement d’avoir manqué à son devoir de père en ne lui apprenant pas à se battre avec méchanceté et, après une rapide leçon, l’entraîne par les rues de la ville pour retrouver son agresseur et l’applaudir pendant qu’il le frappe en traître avec une barre de fer Un moment « initiatique » marquant le début de la montée de la violence chez le fils, émule du père, qui ira encore plus loin au fond du gouffre de la rage gratuite. Fresque sociale de plus de cinq cents pages tissées de mille et un détails, le roman sera adapté pour le cinéma par le même réalisateur qui a porté à l’écran le précédent roman d’Ammaniti, Je n’ai pas peur.