La recette ayant réussi, Tom Clancy récidive : son dernier roman publié sous le titre Code SSN est un thriller « sous-marin », comme le célèbre À la poursuite d’Octobre Rouge . Nous sommes cette fois en l’an 2003 et un immense gisement de pétrole est découvert au large d’une des îles de l’archipel des Spratly, revendiquées par quelques pays, dont la Chine. Peu après un coup d’État, le nouveau maître de Pékin envoie ses troupes envahir les îles Spratly ; au cours des opérations, une plate-forme de forage et un navire de prospection pétrolière appartenant à une entreprise américaine sont saisis par les Chinois. Le conflit éclate entre les deux nations lorsqu’un sous-marin chinois qui s’est attaqué à un porte-avions américain est coulé.
Le sous-marin nucléaire USS Cheyenne et son commandant Bartholomew « Mack » Mackey entrent alors en scène. À eux seuls, et sans subir la moindre égratignure, ils vont détruire en quelques semaines une bonne partie de la flotte chinoise et envoyer par le fond quelques submersibles et équipages russes venus appuyer les Chinois. Se réalise ainsi le fantasme américain de vaincre à plate couture les Chinois et les Russes sans risque et sans problème. Non seulement l’histoire que raconte Tom Clancy tient-elle de l’utopie, mais elle est présentée aux lecteurs dans une langue technique saturée de sigles que l’auteur néglige souvent de définir. Il s’agit, en fait, de combats navals où l’accent est mis sur l’aspect technologique. On a parfois l’impression de lire une publicité vantant la supériorité incontestable de l’équipement militaire de l’oncle Sam et l’intelligence inégalable de ses militaires. À d’autres moments, on croit assister au déroulement d’un jeu vidéo aussi bête que violent. De fait, juste au-dessus du copyright, apparaît la mention que le livre est l’adaptation d’un thriller interactif produit sur CD-rom. On tire donc maintenant des romans de jeux vidéo. Le résultat n’est pas nécessairement heureux…