Depuis 1978, la revue française CinémAction publie chaque année au moins quatre numéros thématiques, édités sous forme de livres de plus de 200 pages, touchant tous les aspects des études cinématographiques : scénarisation, cinéastes, genres, histoire et analyse de films de toutes provenances. Opposée au jargon pseudo-savant et à l’élitisme des cliques, cette excellente revue de vulgarisation a fourni à plusieurs générations de cinéphiles une source privilégiée d’initiation aux études cinématographiques, dans un style accessible qui ne sacrifie rien à la rigueur et à la réflexion.
Le numéro 104 consacré à la réévaluation de la Nouvelle vague (les premiers films de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Alain Resnais, Jean Rouch) est représentatif. Supervisé de main de maître par Guy Gauthier (qui écrivait déjà dans la revue Image et son il y a 40 ans), ce collectif pose la question du statut actuel des films de cette période (trop) chérie du cinéma français. Aurions-nous surévalué les longs métrages comme À bout de souffle ou Adieu Philippine ? De plus, les critiques de l’époque auraient-elles été trop sévères envers les longs métrages de l’arrière-garde comme ceux de Marcel Carné, Claude Autant-Lara, Jean Delannoy ?
La revue française CinémAction a déjà publié son centième numéro, gigantesque bilan portant sur l’édition de cinéma. Ce Dictionnaire de l’édition de cinéma comprend la liste exhaustive de tous les ouvrages sur le cinéma publiés en français depuis un demi-siècle. On y trouve des centaines de références, réparties en catégories (acteurs, réalisateurs, genres, pays, scénarios) et ordonnées chronologiquement, sans aucun jugement ni commentaire. On se souviendra que l’éditeur Pierre L’Herminier avait publié un pareil bilan en 1985, sous le titre Cinéma pleine page, l’édition cinématographique à cœur ouvert (Flammarion 4 et Centre Georges Pompidou). On ne peut que souhaiter longue vie à CinémAction, que je considère comme la meilleure revue de cinéma en France.