Dans les universités québécoises, l’intérêt pour les études cinématographiques était d’abord venu de professeurs de littérature qui voulaient compléter leurs analyses par des illustrations divertissantes pour les étudiants. La plupart de ces enseignants ignoraient tout des théories du cinéma, ou pire encore, croyaient les connaître en y appliquant tant bien que mal des approches narratologiques ou sémiologisantes. De ce fait, la recherche québécoise sur le cinéma n’en a pas tiré les fruits espérés.
Heureusement, le théoricien Michel Larouche, une autorité en ce domaine, a réuni ici une série de dix textes pertinents consacrés précisément aux liens entre cinéma et littérature, à partir d’un corpus québécois.
Dans leur excellent chapitre d’ouverture, Michel Larouche et Serge Cardinal expliquent que le processus d’adaptation filmique est doublement créatif, puisque le scénario réinvente le contenu du texte initial. Plus loin, un article très original de Mylène Nantel identifie les éléments filmiques, voire scénaristiques, déjà présents dans certaines œuvres littéraires, comme dans les romans Prochainement sur cet écran (1973) de Pierre Turgeon et Neige noire (1974) d’Hubert Aquin. Louise Carrière retrace le parcours de scénariste de Michel Tremblay, à partir de plusieurs films importants : Parlez-nous d’amour (1976) de Jean-Claude Lord, jusqu’au récent C’t’à ton tour, Laura Cadieux (1998) de Denise Filiatrault. On y apprend aussi que le dramaturge avait écrit un projet d’adaptation de Bonheur d’occasion qui est resté dans ses tiroirs. Soulignons enfin la contribution impressionnante de François Gagnon qui fait l’histoire de l’adaptation dans le cinéma québécois, à partir de quelques centaines de titres depuis Madeleine de Verchères (1922) et Notre-Dame de la Mouise (1941).