La littérature tibétaine est une des plus vastes littératures d’Asie. Poésie, opéra, médecine, histoire, biographie Ce qui étonne n’en reste pas moins la quantité d’œuvres consacrées à la spiritualité. Le Pays des Neiges a engendré des générations de maîtres, de philosophes, de logiciens, qui surent témoigner d’un certain éclectisme et d’une surprenante érudition. Innombrables sont les pages traitant de la nature de l’esprit, de la façon d’entraîner celui-ci, et plus généralement des questions du bonheur et de la souffrance. Il n’est pas rare de voir les œuvres complètes de tel maître, datant de tel siècle, éditées en 30 volumes.
Dans ces conditions, choisir est étourdissant. Encore faut-il lire le tibétain, ou se frayer un chemin dans le dédale de traductions anglaises, parfois françaises ou autres, et souvent hermétiques. Qu’à cela ne tienne: il existe bien des traducteurs remarquables, et Matthieu Ricard est l’un d’eux. Moine bouddhiste vivant en Himalaya depuis 40 ans, interprète du dalaï-lama, docteur en génétique cellulaire, photographe salué par Cartier-Bresson, auteur mondialement reconnu (Plaidoyer pour le bonheur reste un des livres clés sur un sujet qui a fait couler des océans d’encre), Matthieu Ricard se consacre aussi à une quarantaine de projets humanitaires, auxquels sont dédiés la totalité de ses droits d’auteur.
Il nous présente ici une sélection de textes, traditionnels ou contemporains, choisis en fonction de leur limpidité et de l’authenticité de leur auteur. Matthieu Ricard s’y abreuve lui-même depuis des années, et le lecteur doté d’un brin de sensibilité comprendra vite pourquoi. Néanmoins, la quatrième de couverture parle d’une anthologie destinée au grand public; si c’est vrai dans la mesure où on n’y trouve pas d’exégèse inutile, la lecture sera surtout profitable à ceux qui ont déjà une compréhension générale de l’enseignement bouddhiste (qui pourrait certes être acquise par la lecture des précédents ouvrages de l’auteur). Après tout, on y traite de méditations. Méditations qui, bien au-delà des convictions religieuses, manquent à nos sociétés souffrant d’un individualisme cruel et d’un matérialisme à double tranchant.
En annexe: de fascinantes notices biographiques.