Actuellement, des scientifiques canadiens s’emploient à mesurer le volume du crâne humain selon la race et le sexe. Ces universitaires en sont arrivés à la conclusion que les hommes auraient une plus grosse capacité crânienne que les femmes et que « le volume du crâne des Blancs est supérieur à celui des Noirs ». Les résultats de ces recherches « prouvant » la persistance d’inégalités sont publiés dans des revues internationales, répandant leurs conclusions déterministes aux quatre vents. Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys sonnent l’alarme : la science n’est pas à l’abri de dérives et de détournements ; attention aux arguments en apparence rationnels !
Les neurosciences occupent aujourd’hui le haut du pavé médiatique et raflent une bonne partie des financements actuellement disponibles. Tant mieux, car il est vrai que le cerveau a été peu décrypté. Mais les conclusions auxquelles parviennent certaines de ces études sont tout simplement fausses. Les auteures appellent à une extrême vigilance devant la pléthore de recherches dites scientifiques sur le cerveau. Il faut en scruter les protocoles et dénoncer ceux qui ne répondent pas aux critères déontologiques de base.
Les deux auteures prouvent qu’il y a abus lorsque l’on recourt à la biologie pour expliquer les différences entre les humains et entre les hommes et les femmes. Il n’y a qu’un pas, trop souvent franchi, entre chercher la différence matérielle entre homme et femme dans le cerveau, entre traquer des indices hormonaux qui les caractériseraient et tenter de déterminer les différents groupes humains selon de grandes classes. Le grand mérite de ce livre écrit conjointement par une neurobiologiste et une journaliste scientifique, c’est de démontrer que c’est l’expérience individuelle qui oriente les stratégies cognitives. Les hommes et les femmes ont certes des fonctionnements cérébraux différents mais cela ne signifie pas que ces différences sont logées dans le cerveau.
Il y a juste un point que personne ne semble voir : l’être humain est génétiquement programmé . pour apprendre, donc pour grandir dans son interaction avec l’autre. C’est le miracle de la plasticité du cerveau humain.