New York. Un nom qui évoque tout et son contraire. Les milliards et l’indigence, le jet set et les gangs de rue, le chic et le kitsch, la promesse d’un genuine american dream et un melting pot racial et culturel, la liberté et un horizon bloqué de toutes parts. Les treize nouvelles du Carnet américain de Louise Cotnoir s’installent franchement du côté du sombre, du chaotique, du vide, du déraciné.
Vadim Nikolaïevitch Ioussov, Kaji Akira, Fabrice Pucci, Steve Amiro, Jacob Szumanski, Kim Sun les New Yorkers de Louise Cotnoir, quand ils ne sont pas carrément nés ailleurs, sont fils ou petits-fils d’immigrants. Les autres – Job Tubman, Erik Luckas, Jeff Lazare ou le Warrior -, en raison de leurs origines sociales, de leur préférence sexuelle ou des blessures qui les stigmatisent, font aussi partie de cette galerie de migrants de l’âme. Car c’est de souches, de racines et de sens que ces personnages – tous des hommes, un hasard ? – ont besoin. Une quête dont l’issue s’inscrit dans la mort – on meurt beaucoup dans Carnet américain -, dans la violence, dans le désespoir.
Sombre, oui, et peut-être un peu cliché dans sa vision de New York – si multiculturelle qu’un seul des personnages est un descendant de Yankee, si asphyxiante qu’on y dérive sans espérance à la recherche d’un peu d’air -, le recueil de Louise Cotnoir reste cependant d’une tragique beauté. Certaines des nouvelles (« Archives », « Arrachement », « Le théâtre des abysses », « De l’autre côté du monde », « L’homme dans la boîte ») se révèlent, à la deuxième lecture, encore plus poignantes.