Un soir, Kaï se fait violer par un groupe d’hommes. Elle revient à la maison, « écorchée ». Comment son mari, qui est le narrateur, peut-il réagir face au viol de sa compagne ? Que peut-il faire et dire quand le moindre de ses gestes et chacune de ses paroles sont susceptibles de heurter la personne aimée, d’exacerber sa souffrance ? Le réconfort est-il possible ? Comment, en étant soi-même un homme, rétablir les liens brisés avec la victime ? Car la nuit est longue, premier roman de Sophie Bérubé, raconte cette impuissance en nous plongeant dans la subjectivité de Christophe.
Partagé entre le désir morbide d’en savoir plus sur ce qui s’est passé et la volonté de « libérer [Kaï] de son cauchemar », Christophe choisit d’ignorer sa propre souffrance. Il se lance, comme Shéhérazade, dans une série d’histoires, brodant des récits autour du passé de leur couple. Son but : apaiser la douleur de son amoureuse en l’éloignant du drame et du monde barbare qui a rendu cette violence possible… Mais l’horreur vécue il y a quelques heures à peine, que l’on veut garder à distance, n’est jamais loin, toujours prête à refaire surface.
Ce roman sur la reconstruction décrit avec acuité la fragilité des rapports humains. Avec beaucoup d’intensité, il peint un monde où coexistent la cruauté et la chaleur humaine. L’auteure aborde les conséquences du viol sur celle qui subit l’agression et sur son entourage. Elle traite d’un sujet grave, choix qui impose parfois des accents pathétiques au récit, mais c’est surtout, de manière générale, son approche liée au regard du narrateur qui rend le livre touchant. Le lecteur est à même de voir que, lorsqu’un viol est commis, il y a souvent plus d’une victime.
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