Les quatorze textes qui composent ce recueil parlent des cheveux et de la pilosité, démontrant toute l’importance accordée à ceux-ci par autant de collaboratrices et collaborateurs.
On pourrait penser qu’un livre focalisant le propos sur la chevelure sera superficiel, mais c’est tout l’inverse : les sujets abordés dans Capillaires vont de l’identité de genre à la peur de vieillir ou de mourir, en passant par les gestes et les convictions politiques. S’il y est souvent question d’apparence, les idées avancées n’ont rien de frivole.
« Avec ces fils de ma tête, comme des liens qui se cassent. Je broderai l’amertume, la confusion, l’impasse d’une identité qui aurait pu et peut-être qui aurait dû. Une identité que je cherche, que j’ai cherchée. » (Normagie, « La tapisserie ».)
Parfois autobiographiques, parfois poétiques, toujours pertinents, les textes qui composent ce recueil sont profondément intimes. Ils nous donnent l’impression de pénétrer dans le jardin secret des auteurs et des autrices pour en tirer des témoignages personnels, du genre que l’on n’oserait pas confier à notre coiffeur ou notre coiffeuse.
La grande diversité des auteurs et autrices participant au recueil fait que les histoires sont variées et qu’elles traitent le sujet sous plusieurs angles différents, et le recueil ne devient jamais redondant. Par exemple, Alice Michaud-Lapointe parle de sa relation amour-haine avec sa rousseur naturelle, tandis que Fanie Demeule écrit à propos de sa rousseur artificielle ; Antoine Charbonneau-Demers brise le silence autour du complexe lié à la calvitie précoce et Sarah Desrosiers se confie par rapport à sa trichotillomanie ; Nicholas Dawson raconte sa quête de perfection capillaire et Anya Nousri aborde l’idéal de beauté occidental, hautement toxique (littéralement et métaphoriquement) pour celles et ceux qui ont les cheveux crépus ou frisés.
Ce recueil nous fait assurément réfléchir à notre propre rapport à notre chevelure, qu’elle soit pour nous symbole de fierté ou talon d’Achille, qu’elle soit à modifier à tout prix, à camoufler ou à exhiber. Le personnel est politique, et les témoignages de ce livre révèlent que c’est tout à fait le cas pour les cheveux et les poils.
Avec des textes de Joyce Baker, Loïc Bourdeau, Antoine Charbonneau-Demers, Nicholas Dawson, Fanie Demeule, Sarah Desrosiers, Karoline Georges, Madioula Kébé-Kamara, Hélène Laforest, Alice Michaud-Lapointe, Normagie, Anya Nousri, Anne Peyrouse et Karine Rosso.