Légende vivante du rock et véritable bête de scène (ses concerts durent plus de trois heures sans intermission), Bruce Springsteen fait de la musique depuis plus de 40 ans. Sa vocation pour le rock lui vint dès son adolescence lorsqu’il assista à des spectacles près de chez lui : « J’ai vu les Doors, Janis Joplin et les Who au Convention Hall d’Asbury Park ». Plusieurs biographies lui avaient été consacrées ; celui qui hurlait « Born in the USA » en 1984 signe maintenant son autobiographie, un ouvrage aussi substantiel que les paroles de ses chansons-fleuves. Et quel style pour un premier livre ! On voit défiler son enfance dans une ville industrielle du New Jersey, sa relation difficile avec son père alcoolique, ses débuts sur scène, les échecs de ses premiers albums, puis le succès fulgurant après des années de vaches maigres, sans oublier ses démons apparus après la célébrité : non pas la drogue, mais la dive bouteille. « À vingt-deux ans je n’avais encore jamais bu une goutte d’alcool – pas une. »
Celui que l’on surnomme « The Boss » depuis ses débuts décrit lucidement le milieu du disque aux États-Unis et surtout la compagnie Columbia, dont les dirigeants mercantilistes, qui ne croyaient nullement en sa musique ; c’était avant 1975. Par contre, Springsteen explique le rôle déterminant des stations de radio indépendantes où certains animateurs au goût sûr avaient souvent carte blanche quant à la programmation musicale. C’est ce qui lui a permis d’imposer son style novateur et à contre-courant, à l’époque du disco naissant.
Le titre du livre renvoie à ce disque-phare qui a lancé sa carrière et changé l’histoire du rock en proposant un retour aux sources, un peu comme l’avait fait John Fogerty avec son groupe Creedence Clearwater Revival. Ne pouvant trouver de satisfaction loin de la scène, l’auteur de la chanson « Tenth Avenue Freeze-Out » se résume ainsi : « J’ai fini par m’avouer qu’au repos, je n’étais pas bien et que pour me sentir bien il ne me fallait pas de repos ».
Dans cet autoportrait passionnant, on découvre à la fois un raconteur enthousiasmant et un portrait sensible d’une Amérique populaire qu’il a voulu mythifier. La traduction française de Nicolas Richard cède parfois au plaisir de l’argot régional de Paris et des mots anglais, mais on reprochera surtout à l’éditeur Albin Michel de ne pas avoir proposé de titre en français.
BORN TO RUN
- Albin Michel,
- 2016,
- Paris
640 pages
34,95 $
Trad. de l’américain par Nicolas Richard
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