Que pourrait-on dire de plus sur Bob Dylan ? Une discographie critique étoffée, Bob Dylan, Au fil des albums, est parue chez Triptyque en 2006, tandis que les éditions Libre Expression publiaient cette même année une magistrale biographie illustrée, intitulée Dylan, portraits et témoignages.
Je dois avouer que je craignais, en lisant les premières pages de Bob Dylan, Une biographie, de découvrir un ouvrage dans le style exalté des Jacques Vassal, Philippe Manœuvre, Hervé Muller d’il y a 30 ans, du genre « moi et Bob Dylan », où l’auteur ne parlerait que de l’effet de Dylan sur sa propre vie (voir le premier collectif, Dylan, paru chez le même éditeur). Heureusement, il est aussi question de musique et de rencontres dans cette biographie qui s’apparente parfois aux articles impressionnistes du magazine Rock & Folk des années 1970. Toutefois, l’ouvrage ne parvient pas à remplacer l’autobiographie de Dylan, Chronicles, ou même le film de Martin Scorcese, No Direction Home. La majeure partie du livre de François Bon porte sur les années obscures du chanteur : l’enfance, les premières créations, puis les enregistrements révélateurs. On suit les tournées de Dylan, le recrutement de ses musiciens lors de son passage à la guitare électrique et l’hostilité de son public qui rejetait son changement de style.
Le texte comprend des dialogues reconstitués ou recueillis (!) ; mais ici, François Bon ne mentionne jamais de sources écrites lorsqu’il cite les paroles de tel musicien ou rapporte textuellement un témoignage, sauf lorsqu’il utilise les Chroniques de Dylan. Mais alors, pourquoi ne pas aller directement à la source et lire Bob Dylan lui-même ? De plus, François Bon partage inlassablement ses interrogations sans réponse ; il demande par exemple : « Où ont été gribouillés les premiers couplets de la longue suite de Like a Rolling Stone ? À l’hôtel Savoy, sur le rouleau de papier toilette inséré dans la Remington ? »
Au milieu du livre, nous sommes seulement en 1963, c’est-à-dire juste avant que Dylan ne connaisse la célébrité. Deux chapitres seulement, soit une quarantaine de pages, couvrent les quatre décennies suivant 1970, ce qui reste disproportionné. La référence sur Dylan en français demeure Blowin’ in the Wind, Les parcours de Bob Dylan de Michel Jacques (Botakap, 2000).