Ce quatrième roman d’Audrée Wilhelmy appartient au même univers gothico-boréal que les précédents. L’auteure continue de tracer les contours de sa taïga sauvage et poétique à travers le récit de deux êtres dissemblables.D’un côté, Daã Volkhva est une fille des bois. Elle grandit au couvent de Sainte-Sainte-Anne, entourée de ses 24 mères – des sœurs qui croient davantage à « la paix toute simple, en marge des hommes », qu’en « un Dieu triple – Père, Fils, Esprit saint ». À leur contact, elle s’initie à la langue et aux lois d’Ina Maka, la Terre-Mère. D’un autre côté, Laure Hekiel, orphelin de mère, est le fils albinos d’un mineur de la Kohle Co qui s’est saigné pour lui permettre de devenir médecin. Après des études à la Cité, il revient remplacer le docteur Do à la mine. Blanc résine décrit la rencontre de Daã et de Laure, leur départ pour la ville de Kangoq et la naissance de leurs enfants : d’abord Lélio, pour qui son père, le Médecin blanc, rêve d’une carrière médicale ; puis Boïana, la fillette obnubilée par les histoires de sa mamie Nunak ; enfin la Petite, la benjamine qui, comme sa mère la « Sorcière de Kangoq », choisira elle-même son nom (les lecteurs la connaissent déjà : il s’agit de Noé, héroïne présente dans Oss et Le corps des bêtes).Depuis Oss (2011), l’univers d’Audrée Wilhelmy a gagné en complexité, en singularité, mais aussi en beauté. Au moyen d’une prose exigeante et ciselée, éminemment poétique, riche en néologismes et en emprunts aux langues autochtones et nord-européennes (plusieurs se retrouvent dans un très commode « Lexique »), elle nous entraîne dans une réalité à la fois familière et transfigurée, où la féminité et la nature entretiennent des rapports mystérieux et profonds. Un habile dispositif narratif fait s’alterner une narration au « je », rapportant le point de vue de Daã, avec une narration à la troisième personne, focalisée sur Laure. Un roman fabuleux, dans tous les sens du mot.
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