La question du port du voile par les femmes musulmanes est devenue un enjeu central en France, comme partout en Europe, particulièrement en milieu scolaire. Avec l’accroissement de l’immigration maghrébine au Québec, il est évident que ce sujet alimentera aussi les échanges publics d’ici peu. En France, en tout cas, avec quatre millions d’habitants d’origine arabophone aux prises avec une crise identitaire, les discussions font rage entre partisans de la tolérance et ceux qui, au contraire, voient dans ce vêtement ostentatoire un vestige d’une mentalité rétrograde doublé d’une attaque frontale contre la laïcité.
C’est cette dernière interprétation que privilégie Chahdortt Djavann, écrivaine d’origine iranienne, maintenant établie en France. Selon elle, qui l’a porté de longues années en Iran, le voile « abolit la mixité » et « limite l’espace féminin ».
Par le port du hijabe, la femme est réduite à son caractère sexuel ; elle se protège, dans la honte, de ce corps qui ne sert qu’à attiser l’appétit supposément incontrôlable de l’homme. L’auteure s’en prend particulièrement aux femmes voilées des pays occidentaux, qui dénaturent la liberté de ces systèmes pour s’avilir elles-mêmes. « La liberté devient liberté de s’aliéner », une discrimination sexuelle auto-acceptée.
Chahdortt Djavann conclut sur une recommandation bien sentie aux autorités concernant l’importance de conserver la laïcité des institutions d’enseignement : « [I]l est bon que Dieu et Allah restent à la porte de l’école » ; elle invite à « ne pas sombrer dans un relativisme culturel » qui contribuerait, objectivement, à maintenir l’oppression des femmes musulmanes.