Un anagramme de Mistral (Milrats) trompe un avatar de Marie-Françoise Taggart (Marie Raspberry) avec une femme mature qui formera avec les deux premiers un triangle amoureux. Rejetée par les jeunes amants, elle se suicidera à l’aide de valiums. Voilà pour l’histoire qui, à quelques variations près, correspond au Valium de Christian Mistral.
Que les deux auteurs aient vécu ou non cette histoire, c’est une question dans laquelle un critique ne doit pas s’aventurer. Un fait reste cependant : la même histoire a fait l’objet de deux romans en moins de cinq ans et les noms sont à peine masqués dans le second : Fantastico pour Fantasio, Miklos pour Miklodus, Marie Raspberry pour la même chose. Mistral, qui n’avait pas lu le livre au moment où je l’interrogeais, déclarait à ce propos : « Marie-Raspberry est mon personnage et il n’écrira des romans que si j’en décide ainsi ».
Bien écrit, le roman ne pourra que rester dans l’ombre de Valium. Marie-Françoise Taggart en est directement responsable. Primo, parce qu’elle a choisi cette histoire en particulier. Secundo, parce qu’elle a sciemment repris les noms de Valium sans rien approfondir, sans rien apporter que son point de vue déliquescent. Son style baroque se démarque par sa diversité lexicale, ses figures de style et ses pléonasmes : « […] ma meublante devanture et ses globes protubérants ». Par contre, elle sait tramer une intrigue. D’un point de vue purement structuraliste, son roman est plus efficace que celui de Christian Mistral.
Ils se comparaient à Henry Miller et Anaïs Nin, mais aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de reconnaître en eux respectivement Alfred de Musset et George Sand. Peu après une relation tumultueuse avec l’auteure de La mare au diable, Musset écrivait l’excellente Confession d’un enfant du siècle. Quelques années plus tard, George Sand faisait paraître Elle et lui, ouvrage fadasse qui reprenait ses amours avec le poète.