Leur aventure est peu commune : en 1996, Sylvie et Alain Soulat, accompagnés de leur fils de deux ans, partent découvrir le monde à tandem. Six ans plus tard, après 65 000 kilomètres, 35 pays parcourus sans moteur, le jeune Ulysse s’exclamera : « Notre tour du monde est déjà fini ? »
Qu’est-ce qui peut bien pousser deux Français à abandonner leur emploi respectif d’infirmière et de pompier, leurs familles, leurs amis, leur maison ? L’attrait du défi sportif ? Oui, les corps à corps avec l’extrême seront source d’exaltation. Mais il y a plus. Vaincre des pluies diluviennes en Malaisie, des feux de forêt en Indonésie, la sécheresse au Botswana, un typhon dans l’Oregon les convaincra que rien ne résiste à l’effort désespéré de qui veut vivre. Cela tant que quelqu’un, au bout de la route, pansera leurs blessures. Mais parfois, la plaine déserte s’étendra sans fin. Ils s’étonneront de la violence dont ils seront victimes de la part des survivants d’une guerre. Et certaines réalités les laisseront amers et vaincus. Les autorités chinoises les soumettront à de longues et pénibles entrevues tous les jours. L’Inde leur dévoilera des visions d’horreur. L’indifférence des Américains sera telle qu’il passeront près de mourir sans qu’aucun ne daigne leur porter secours. Le même esprit de domination, de colonisation, d’esclavage. Le tour du monde, ultimement, sera l’occasion d’une profonde réflexion sur la nature humaine. « Nous ressentons désormais cette certitude que si l’être s’instruit, mais reste égoïste il ne pourra rien apporter de bon à l’avenir de l’humanité. » Si le style est parfois malhabile, les questions qui surgissent ici et là sont frappantes de lucidité. Une meilleure correction de la langue de la part de l’éditeur aurait néanmoins donné un élan de plus à cette parole qui porte déjà beaucoup.