C’est l’intéressante histoire de Mupagassi, réfugié africain, qui doit composer tout jeune avec les conséquences des violences politiques dans sa région.
Les pays ne sont jamais mentionnés dans le roman, mais on comprend bien que la région où se déroule l’action, c’est l’Afrique centrale (Burundi, Congo, Rwanda). Là où, on le sait, des rivalités ethniques ont suscité des massacres, il y a une trentaine d’années.
Mupagassi et son frère de quatre ans son aîné, Gassongati, ont le privilège de fréquenter l’école primaire. Cela leur permet pour l’un, Mupagassi, doué pour les études, de les poursuivre afin de devenir instituteur et, pour son frère, qui choisi un parcours scolaire moins long, d’entrer dans l’armée.
Mais la politique locale bouleversera à jamais leur destin. Une ethnie décide de s’en prendre à l’autre, et les deux frères, forcés à l’exil, se retrouvent dans un pays voisin, dans un camp de réfugiés pris en charge par l’ONU.
À partir de là, les deux frères auront des parcours complètement divergents. Mupagassi, encouragé par une coopérante de l’ONU, Norma, choisira le chemin de l’exil, à Ottawa : il y termine une maîtrise en éducation, et fera sa vie dans la capitale canadienne. Avec son entraînement militaire, son frère, Gassongati, choisira le combat armé.
Les destins des deux frangins se recroiseront de longues années plus tard, à l’occasion de pourparlers de paix entre les protagonistes, supervisés par l’ONU. Mupagassi est appelé, comme son frère, à faire partie de l’équipe de négociations de sa faction.
Ce roman, qu’on soupçonne proche de la vie de cet auteur franco-ontarien d’origine burundaise, touche à plusieurs des principaux traits qui démarquent le continent africain : la violence mais aussi l’entraide, le rôle de la religion et la persistance de croyances ancestrales, et, pour plusieurs, la dure adaptation par une émigration imposée par les circonstances, mais aussi la sécurité et la réussite qui attendent ceux qui empruntent le chemin de l’éducation.