Assistons-nous, en Europe, à un retour du monstre antisémite ? Le prolifique et réputé philosophe Alain Finkielkraut, lui-même juif, pose ouvertement la question dans un court mais dense essai au ton énergique.
Voici en quelques mots la thèse de l’auteur : sous un couvert anti-raciste, anti-oppression, ressurgit subtilement en Europe, et particulièrement en France, un discours anti-juif, semblable à celui qui a mené au nazisme. « Ce qu’on prenait pour un acquis apparaît rétrospectivement comme un répit », écrit l’auteur en ouverture du livre. « L’Europe politique, sociale, culturelle semble une fois encore défigurée par son préjugé le plus ancien et le plus ignoble. »
Le discours insidieux qu’il dénonce est soutenu principalement par un islamisme, pour qui tout juif n’est que juif, qui pourfend l’État d’Israël et qui alimente les sympathies des militants intégristes en raison des violences commises au Proche-Orient : sombre paradoxe des ex-victimes (juives) devenues bourreaux, face à un peuple en légitime défense (les Palestiniens), proclament ces extrémistes qui se prétendent faussement faux anti-racistes.
Le court ouvrage d’Alain Finkielkraut fait la lumière sur la part d’ombre qui nous habite, le travers humain qui se nourrit de généralisations hâtives porteuses de violence totalitaire. Il appelle à la vigilance, cruciale, qu’il faut exercer en permanence… ce que le noir passé du XXe siècle aurait dû nous inculquer à jamais.