Camille a besoin de bouger ; elle s’ennuyait à Montréal. On la retrouve à Port Rexton, Terre-Neuve, dans la péninsule de Bonavista, à l’extrême est. Paysages de montagnes qui tombent dans la mer, de vents qui gonflent les vagues et de sentiers qui ondulent entre les rochers. Un lieu propice à alimenter la fantaisie de la jeune femme avide de nommer tout ce qu’elle voit et plus encore, avec ses listes de mots évoquant la couleur bleue, de mots qui désignent une vague, ou encore d’endroits qu’elle pourrait appeler un chez-soi. Elle sait qu’elle ne prendra pas racine dans ce bout du monde, mais pour un temps, elle goûte à l’exotisme du lieu et à l’accueil de ses habitants.
De Terre-Neuve, la narration se déplace en Écosse, sur l’île de Mull, dans le village de Fionnphort, à l’extrême ouest du continent européen. William, huit ans, y vit avec sa mère Lily et son grand-père Sean. Le travail de son père dans les stations pétrolières du nord le prive de sa présence et entraînera une séparation. Histoire de la famille, vie du village, escalade des sommets, jeux sur la plage, collection de pierres et de plantes indigènes et fête des solstices portent l’empreinte du milieu océanique, avec ses périodes de solitude entrecoupées de célébrations au village.
L’Américain Lou, chercheur, se cherche lui-même. Perdu à Skagastrõnd, en Islande du Nord, pays de fjords, de grands vents, de tempêtes subites et aux longues journées d’obscurité. Lou, ayant fui la Bretonne Marine, ne souhaite rien de plus que de la retrouver et de rentrer, mais il reste, sans pouvoir s’expliquer pourquoi. En fait, il espère encore, contre toute probabilité, revoir son frère Alex, disparu en mer, l’Islande étant le dernier endroit qu’il a foulé. Lou travaille au laboratoire de biologie marine du village de pêcheurs comme chercheur sur le lompe. Il subira les affres des éléments déchaînés pour retrouver les mots de Marine qui, elle, n’a pas cessé de lui écrire.
Étudiante à Concarneau, Célia rentre chez elle à Crozon, presqu’île à l’extrême ouest de la Bretagne, pour préparer son bac. Il s’avère qu’elle est la jeune sœur de Marine, qui vient de cesser d’écrire à Lou, lequel ne lui répond jamais. Les deux filles se donnent un moment de répit pour aller ensemble explorer les plages de la péninsule.
Romane Bladou nous transmet sa curiosité pour les contrées isolées à la merci d’une mer imprévisible. Son écriture est marquée par la fantaisie de celle qui sait démasquer les détails et trouver le mot juste. Également photographe et cinéaste, l’autrice substitue à sa caméra une plume élégante et légère.