Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jacques Plante a, à son actif, deux réalisations à Québec : la Caserne d’Ex Machina sur la rue Dalhousie et le Palais Montcalm rénové à la place d’Youville. Il est aussi le concepteur du projet de salle de spectacle Diamant, présenté à la fin du livre, et dont les maquettes et plans font rêver.
Le théâtre est un art millénaire, et l’espace où se créent les œuvres dramatiques a eu, de tout temps, son importance dans la cité. Selon Robert Lepage, qui signe la préface du livre, « c’est le lieu où une communauté fait vivre ou revivre sa culture… où peuvent se tisser les fibres d’une communauté, se rassembler, se raconter ». Mais, déplore le metteur en scène et homme de théâtre, cette fonction sociale est peu prise en compte quand on se soucie de la rentabilité.
Ce souci fait l’objet de longs débats de nos jours. Il suffit de se référer à la presse locale pour le constater. Mais ce que l’on ne dit pas assez, c’est qu’au Québec, alors que des salles de théâtre existaient depuis près d’un siècle, dès les années 1930, le succès du cinéma avec ses salles élégantes avait fait de cette discipline artistique le parent pauvre évoluant dans toutes sortes d’espaces aménagés : des « lieux », un mot considéré depuis comme synonyme de présence, de convivialité et d’accueil. Il est heureux que, dans de telles conditions, précaires souvent, les arts de la scène aient pu développer une personnalité. Le « lieu » a alors renforcé sa présence dans la ville et son architecture s’est du coup faite porteuse d’identité.
Avec le temps, l’organisation de l’espace que partagent interprètes et spectateurs a évolué et avec elle les rapports qui existent entre eux : rencontre, échange, interaction mais aussi confrontation. Interprètes et spectateurs sont inséparables, les uns ayant absolument besoin des autres, tous recherchant cette occasion de se retrouver.
La particularité de ces lieux ne simplifie donc en rien la tâche des architectes, et les détails donnés dans ce livre le montrent bien. Ces concepteurs d’espaces qui ont comme client une personnalité ou une institution du monde du spectacle doivent dès lors bien comprendre ses exigences tout en pensant au confort des spectateurs, l’autre groupe qui lui aussi agit dans ces lieux. Dans le meilleur des cas, et le livre nous en montre des exemples, l’architecte aura conçu des lieux qui sont uniques et spécifiques. Les architectures de performance sont donc, comme le dit Jacques Plante, « de véritables performances d’architecture ».
Dans la première partie de ce livre, nous sont proposés des textes de personnalités québécoises, passionnées, qui vivent avec ces lieux de création et qui se préoccupent de leur devenir. Ce sont des professeurs d’université et des artistes multidisciplinaires qui enseignent le théâtre dans tous ses aspects. Ce sont aussi des architectes, scénographes, acousticiens, éclairagistes, directeurs artistiques et designers d’environnement. À ces écrits s’ajoutent un ensemble de fiches descriptives pour chaque projet, avec l’adresse de son site Internet et les noms de tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont participé à son édification. Des dessins en plan et en coupe à l’échelle 1/500 complètent ce travail et en font un précieux ouvrage de référence.