À la lecture d’Anarchie de la lumière, quelque chose en moi se soulève, comme chaque fois qu’on tente de me montrer le chemin du vivre : je ne veux pas de votre sagesse ! Laissez-moi avec mes doutes et mes interrogations ! Laissez-moi être noire, déconstructiviste, pessimiste, si ça me chante ! C’est là que je trouve de quoi créer ma vie !
Passé ce moment de révolte – plutôt, dépassé, au sens où je l’évite –, il me faut bien admettre qu’Anarchie de la lumière ne manque pas de qualités, qu’il s’agit même d’un fort beau livre, rempli de ces vérités qui nous aident à vivre (quand on le veut bien). Très affirmatif dans son propos, José Acquelin, en véritable poète, se tient toutefois loin des dogmes. N’écrit-il pas d’ailleurs : « J’en apprends plus de ce que je ne connais pas que de ce que je crois ou crois savoir » ? Voilà qui donne le ton du livre : je ne sais rien, mais de ce rien, ou de cette anarchie de sens, j’ai tiré quelques leçons que je vous communique. Tel un vieux sage, Acquelin montre la voie. Vers l’apaisement – « vient un moment où l’on doit pardonner à son destin d’avoir été trop dur ou trop facile » –, vers la pleine conscience du miracle de l’ici, de notre petitesse en regard d’un héron, d’une hémérocalle, des étoiles, et aussi de la mort qui est en nous. Cette voie hors de la « norme du malheur », illuminée, le poète en fait lui-même l’expérience, par la méditation et la contemplation silencieuse. Est-il bouddhiste ? Sa conception de l’existence, du moins, est empreinte de cette philosophie, notamment en ce qui a trait au désir : « Il dit : dis-moi alors, comment s’arrange le silence avec l’increvable désir ? Je dis : il n’y a pas de renoncement au désir, cet élan, cet allant du vivant, il n’y a qu’un désir, qui ne renonce pas à se transformer ». Le sage, donc, regarde s’incarner son désir avec détachement, curiosité même. Pour ne pas dire joie : oui, je suis en vie.
Ce recueil de prose poétique qui flirte avec l’essai ravira ceux et celles qui acceptent d’être guidés dans « le mouvement de s’infinir ». Nous sommes tous « des courants d’être, aussi minimes, aussi vastes ».
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