Tiré d’une conférence prononcée en Allemagne, ce bouquin de quelques pages livre néanmoins un puissant témoignage en faveur d’une séparation à l’amiable entre Palestiniens et Israéliens sur un territoire rempli de symboles religieux et historiques. Une division permettant à chacun d’avoir son État à lui, et où les relations entre les deux entités resteraient suspendues, le temps que les émotions meurtrières des dernières années s’amenuisent au profit éventuel d’une relation véritable.
Amos Oz, ce grand intellectuel israélien, chaud revendicateur de la paix dans la région, récuse avec force le fanatisme qui envahit les deux camps et qu’il associe à la mort. Les deux peuples ayant pleine légitimité sur le territoire, souligne-t-il, le réalisme, et la raison, appellent à un « douloureux compromis », d’autant plus nécessaire qu’à travers l’État, « chacun voit en l’autre l’image de son ancien oppresseur », l’un et l’autre victimes de traumatismes bien inscrits dans la mémoire : le Palestinien considérant l’État hébreu comme le prolongement du colonialisme européen, Israël associant les attaques des Palestiniens aux pogroms ayant marqué l’histoire du peuple juif. Reprenant une citation poétique, l’auteur fait sienne la maxime qu’« une bonne barrière fait de bons voisins » et y voit là l’avenir le plus adéquat pour ce Proche-Orient à feu et à sang depuis maintenant un demi-siècle.