Dans la première partie de l’essai, J.-Claude Saint-Onge analyse le discours de l’ADQ. Il en relève l’opportunisme, les contradictions et les ambiguïtés tout en soulignant l’impasse où mènent ses propositions. Contrairement à ce qui est claironné un peu partout, le « bon sens » des solutions adéquistes apparaît fort contestable à la lumière des chiffres et du bilan des expériences ici analysés. Sont ainsi mises à mal les « évidences » concernant par exemple l’efficience et la qualité de la gestion privée des soins et services à la population. En fait, l’ADQ nous sert du vieux vin dans de nouvelles outres, il y a subterfuge. Si le style se veut « nouveau », la politique demeure la même : poursuivre et renforcer comme jamais une orientation néolibérale qui remet en cause plusieurs droits sociaux.
En seconde partie, Pierre Mouterde amorce une brillante réflexion sur l’état de la culture politique au Québec en analysant l’origine de la popularité de l’ADQ. Partant du contexte politique à l’ère de la mondialisation (désenchantement, crise de représentation, échec des alternatives), il montre comment ces phénomènes se sont présentés d’une façon spécifique au Québec. Le discours de l’ADQ réussit à s’adapter aux « sensibilités immédiates » de la population ; il tente de disputer un espace laissé ouvert par l’épuisement du projet national péquiste et l’absence d’une alternative à gauche.
L’auteur termine son parcours rigoureux avec un plaidoyer convaincant pour l’action politique autonome, hors des sentiers battus, issue des mobilisations et de l’organisation plurielle de la société civile en mouvement.