Le militant et intellectuel Charles Gagnon est mort en 2005, sans avoir eu droit à beaucoup de reconnaissance. La publication de certains de ses écrits jusqu’ici inédits pourrait à tout le moins mieux faire connaître son engagement et sa pensée.
Dans cet essai, dont la rédaction est interrompue en 2004 alors qu’il apprend être atteint d’un cancer incurable, Gagnon analyse la situation de la gauche au tournant du XXIe siècle. Il en ressort comme message essentiel que « [l]a gauche québécoise doit sortir de sa torpeur, se reconstituer, reprendre la parole ». Pour l’ex-dirigeant de l’organisation En lutte !, cela signifie se remettre à la tâche d’élaborer un programme révolutionnaire adapté aux conditions d’aujourd’hui, en se dégageant notamment de l’emprise du Parti québécois et des formations syndicales pour qui le projet souverainiste passe avant le combat contre les inégalités et le saccage de la planète.
Autour de l’an 2000, Charles Gagnon constate la domination de l’idéologie néolibérale, à la faveur d’une expansion du capitalisme à l’échelle mondiale. Le pouvoir du capital s’est immiscé dans les consciences, au point de faire accepter comme une loi divine la nécessité d’un soi-disant équilibre budgétaire, au prix de déséquilibres sociaux de plus en plus douloureux, en particulier pour les moins bien nantis. Selon l’analyste de gauche, si une crise des finances publiques existe réellement, ce n’est pas parce que les salaires de la majorité sont trop élevés ou qu’on investit trop en santé et en éducation, c’est parce qu’une « couche de financiers parasitaires » impose une vision de l’économie à son avantage, sans égard aux conséquences désastreuses qui plombent la société. Ce constat est-il encore valable aujourd’hui ? Plus que jamais, malheureusement.
La fidélité de Charles Gagnon à ses idéaux révolutionnaires de jeunesse représente à elle seule une raison de se réjouir. Mais il y a plus. L’édition de ses écrits n’est pas un cri dans le désert et sa voix pourrait trouver une écoute dans le contexte québécois actuel. C’est en tout cas ce que donnent à penser les témoignages de Jonathan Durand Folco et de Jeanne Reynolds, qui complètent l’ouvrage en écho au texte de Gagnon.
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