Si l’on en croit la quatrième de couverture, l’anecdote serait bien réelle : à la suite d’une plainte déposée contre lui, l’écrivain brésilien J. P. Cuenca aurait découvert qu’il était officiellement mort.
Comme le diront plusieurs personnages dans le livre : « C’est bien le genre d’histoire dont un écrivain peut tirer quelque chose ». L’événement a lieu en 2011 à Rio de Janeiro, à une époque de grand ménage en prévision des Jeux olympiques. Le gouvernement profite en effet de ces Jeux pour se débarrasser de tous les éléments indésirables de la ville : itinérants, drogués, Noirs, pauvres. Les médias, évidemment, sont de mèche dans cette tragédie de la corruption. Ils ont pour objectif principal « de glorifier les valeurs de la partie la plus huppée de la ville et de défendre cette bulle de richesse contre les millions de barbares qui vivaient à l’extérieur ». Pendant ce temps, l’Unité de pacification de la police militaire poursuit une guerre contre le commerce de la drogue, guerre qui fait aussi ses victimes innocentes.
C’est dans ce climat empoisonné que Cuenca apprend la nouvelle de sa mort. Celle-ci serait survenue en 2008, alors qu’il était à Rome. Très rapidement, la lumière est faite sur l’identité du cadavre, un itinérant. Mais pour quelle raison aurait-on usurpé son nom ?
Jusqu’à la moitié du livre, il est à peine question de cette mort. Concrètement parlant. Mais la vie de Cuenca n’est plus la même : il en entrevoit le caractère absurde. « On m’offrait la mort sur un plateau », écrit-il. Commence une longue chute dont on doute, finalement, qu’elle soit bien réelle. On pense à D’après une histoire vraiede Delphine de Vigan, sorte de roman-fiction où le personnage de l’auteure se met en scène, ou à Cité de verrede Paul Auster, pour l’errance et les questions sur l’identité. Comme chez ces auteurs, Cuenca se promène sur le mince fil entre réalité et fiction, jusqu’à perdre pied.
Portrait cynique du Brésil moderne, réflexion sur la responsabilité de l’écrivain dans la cité, mise en abyme de la création, J’ai découvert que j’étais mort, sans être aussi « corrosif et vertigineux » que l’annonce son éditeur, étonne à mesure que l’on y chemine.
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