Avec ce livre, dont le titre original contient un jeu de mots intraduisible (Let Me Be Frank with You), Richard Ford ajoute un quatrième volume au cycle « Frank Bascombe », auquel il doit l’essentiel de sa renommée. Il n’est pas obligatoire d’avoir lu les volets précédents (Un week-end dans le Michigan, 1986 [traduit en 1999], Indépendance, 1995 [1996] et L’état des lieux, 2006 [2008]) pour prendre plaisir à ce roman qui nous vient de l’une des plus grandes plumes de la littérature américaine contemporaine.
Bascombe, maintenant âgé de 68 ans, habite toujours le New Jersey, mais a vendu sa maison à Sea-Clift pour retourner vivre à Haddam et y couler une paisible retraite avec Sally, sa deuxième femme. Grand bien lui prit, car l’ouragan Sandy vient de transformer la côte en « zone postcombat ». Dans « Je suis là », le premier des quatre chapitres – ou, si l’on préfère, des quatre novellas –, Frank s’en va retrouver Arnie Urquhart, l’homme à qui il a vendu sa maison de Sea-Clift. Sur fond de réflexions acerbes et désabusées sur la vie, tous deux constatent l’ampleur des dégâts. Dans « Tout pourrait aller beaucoup plus mal », Frank ouvre sa porte à Charlotte Pines, une femme à la « beauté de matrone panafricaine », qu’il a surprise à rôder autour de chez lui. Il découvre qu’elle a autrefois vécu dans la même maison et que de douloureux souvenirs familiaux continuent de la hanter. Dans « La nouvelle norme », Frank rend visite à Ann, son ex-épouse, installée dans une résidence médicalisée depuis qu’on lui a diagnostiqué une maladie incurable et mortelle. Enfin, dans « La mort des autres », Frank reçoit un appel d’une vieille connaissance, Eddie Mellow, qui lui apprend sa mort prochaine et l’exhorte à venir le voir une dernière fois. Rendu méconnaissable par la maladie, Eddie tenait à revoir Frank pour lui révéler un secret devenu trop lourd à porter.
Inauguré en 1986, le cycle « Frank Bascombe » s’augmente d’un nouveau titre tous les dix ans. Peut-être retrouvera-t-on l’ancien chroniqueur sportif et agent immobilier septuagénaire dans un cinquième volume, qui sait ? Espérons-le, car malgré sa misanthropie, Bascombe reste profondément attachant.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...