Que le Théâtre Parminou demande à Jean St-Hilaire d’écrire son histoire pour souligner le 40^e anniversaire de la compagnie semble logique. Maintenant à la retraite, Jean St-Hilaire a été un excellent critique de théâtre au journal Le Soleil et a toujours su mettre en contexte les productions dont il parlait. Mais la commande porte aussi sa limite : cet ouvrage est une apologie de la compagnie plutôt qu’une analyse de sa démarche artistique, politique et sociale.
St-Hilaire a fondé son texte sur une série d’entrevues avec les principaux membres passés et actuels du Parminou, qu’ils soient comédiens, administrateurs ou gens « de coulisses ». En tout, dix-neuf entrevues auxquelles s’ajoutent huit autres avec ce qu’il appelle « les témoins » (de Gilles Pelletier à différents membres du conseil d’administration) et trois avec des responsables d’organismes « partenaires », ces organismes avec lesquels et pour lesquels la compagnie crée ses pièces.
Le cœur de l’ouvrage est dans la synthèse des entrevues présentées individuellement. Une série de témoignages qui à la longue deviennent répétitifs. Ceux-ci sont tous construits identiquement : passé de la personne, raison de son arrivée au Parminou, durée de sa présence comme membre, apport et expériences particulières, commentaires personnels, hommage à la compagnie.
De très courts chapitres thématiques viennent encadrer les témoignages et esquisser les grandes étapes du parcours de la compagnie. Il est alors difficile d’en dégager des lignes de force et d’inscrire ces témoignages dans une ligne temporelle.
L’ouvrage est abondamment illustré, en particulier par un encart en couleurs de seize pages, ce qui permet de « voir » la façon dont le Parminou se met en scène et de mieux saisir ce que racontent les interviewés quand ils parlent de scénographie, de clowns, de type de jeu.
En soi, la lecture est agréable, agrémentée des « commentaires » de Minou, la mascotte de la compagnie et son symbole depuis le début. Genre de fourre-tout, les textes que St-Hilaire a « prêtés » à Minou sont des encadrés (graphiquement des lettres blanches sur un fond noir, couleur du chat) qui ajoutent des anecdotes et des remarques au propos, agrémentés parfois d’une touche d’humour.
Mais on ne connaîtra jamais le nombre de productions, la réception de la plupart d’entre elles, les dates clés, la place des pigistes (de plus en plus nombreux), les limites artistiques amenées par le choix de Victoriaville. On effleurera les causes des démêlés artistiques du Parminou avec en particulier le Conseil des arts, son importance pourtant fondamentale dans le jeune théâtre, sa méthodologie de création, ses transformations administratives, son fonctionnement autrement que par les quelques remarques (souvent les mêmes) des membres.
Un beau livre bien écrit, mais qui demeure à la surface de son sujet et qui, paradoxalement, rappelle les démarches individuelles des membres d’un collectif qui a longtemps prôné… l’anonymat de ses membres.