Romancière depuis une vingtaine d’années, Marina Vlady a par ailleurs marqué le cinéma français, particulièrement durant les années 1960, en tournant pour Michel Deville (Adorable menteuse), Jean-Luc Godard (Deux ou trois choses que je sais d’elle), mais aussi avec Orson Welles en 1966, dans Falstaff, son film préféré, inspiré de Shakespeare. Née Catherine de Poliakoff-Baïdaroff, la blonde Marina Vlady est encore une enfant lorsqu’elle fait ses débuts au cinéma, en 1948, aux côtés d’actrices légendaires : Gaby Morlay, puis Anna Magnani. Dès les années 1950, elle obtient des rôles dans des films italiens. Puis, on la voit aux côtés de Jean Gabin dans Crime et châtiment (1956) de Georges Lampin, et surtout dans La Sorcière (1956), qui la révèle. Deux longs métrages confirment son statut au Québec : La princesse de Clèves (1961) de Jean Delannoy, puis une comédie légère de Marco Ferreri, Le lit conjugal (1963), dont le titre français fait mouche, et qui lui vaut le prix d’interprétation au Festival de Cannes.
Dans son autobiographie centrée sur le cinéma, Marina Vlady sait rester modeste malgré son grand talent ; elle fait des portraits généreux de ceux qu’elle a côtoyés sur les plateaux : de Pierre Brasseur, Michel Piccoli à Bourvil. Elle évoquera aussi les hauts et les bas inhérents à la célébrité : les conflits, les jalousies des actrices rivales, les périodes de pauvreté succédant à l’aisance, les dettes. En 1964, alors qu’elle est considérée comme une star en Europe, des producteurs américains lui proposent un tournage en lui demandant de suivre une cure amaigrissante et de se faire refaire les dents, ce qu’elle refusera. Vers 1975, au cours d’un tournage à Madrid, elle se trouve impliquée dans une grève de l’équipe technique, chose inimaginable dans le milieu du cinéma québécois ! Parmi les révélations de Marina Vlady, on apprend que Jean-Luc Godard l’a demandée en mariage à deux reprises !
Marina Vlady résume sa carrière d’actrice et ses choix de réalisateurs, par son « envie effrénée de travailler sous la conduite de metteurs en scène diversifiés, de participer aussi à ce que l’on appelle alors le ‘cinéma commercial mais de qualité’ ». Ces 24 images/seconde nous apprennent beaucoup sur les réalisateurs avec lesquels Marina Vlady a travaillé durant cinq décennies. J’aurais toutefois souhaité consulter une filmographie définitive en fin de volume ; on y trouvera cependant un index détaillé.