Vous aimez le cinéma ? Êtes-vous plutôt cinéphile ou cinéphage ? Le livre 100 films, 100 histoirespropose la liste des préférences d’un cinéphile ayant vécu à Paris, à Montréal, en Normandie et ailleurs. Sa liste semblera éclectique : longs métrages archiconnus, classiques du cinéma, films d’auteur plus ou moins obscurs et quelques navets.
Les 100 films choisis ne sont pas classés alphabétiquement ni selon une grille particulière : ils nous sont présentés selon la chronologie de leur découverte par Jean-Baptiste Toussaint, de l’enfance à aujourd’hui. On débute par Sister Act (1992) avec Whoopi Goldberg, puis Goonies (1985) et Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988), à une époque où il fallait s’acheter un magnétoscope si l’on voulait revoir ses œuvres préférées. Plusieurs films « que tout le monde a vus » se retrouvent ici, comme E.T. (1982) et Retour vers le futur (1985). Or, un film venu de l’Inde transformera le regard du cinéphage de vingt ans : Le salon de musique(1958), de Satyajit Ray. L’ouverture au cinéma de répertoire se poursuivra avec Nostalghia (1983), un film énigmatique et exigeant d’Andreï Tarkovski. Chaque film fait l’objet d’un commentaire sur deux pages illustrées. On ne trouvera pas d’analyse, mais plutôt des impressions personnelles et des souvenirs entremêlés autour de chaque œuvre. Un bref résumé et quelques anecdotes complètent les notices. On ne reprochera pas à Jean-Baptiste Toussaint d’écrire comme une personne de sa génération, mais ceci transparaît nettement lorsqu’il attribue la musique de Vanilla Sky (2001) à la seule Nancy Wilson, alors que c’est Paul McCartney qui a composé la magnifique chanson-titre. Son nom n’est pas même mentionné dans le long paragraphe à propos de la trame musicale du film ! Autre lacune on ne trouve aucune référence bibliographique quant aux sources des renseignements fournis (génériques, anecdotes, influences, etc.).
En lisant 100 films, 100 histoires, on réalise que le panorama d’un cinéphile ne peut résulter que des œuvres qui lui sont réellement accessibles. Dans ce cas-ci, ce sont essentiellement des films à succès, pour la plupart hollywoodiens, parmi lesquels on retrouve par chance quelques titres intemporels. Un peu comme dans un dictionnaire amoureux, la subjectivité est ici reine, et peu de ces films pourraient prétendre au statut de chef-d’œuvre. C’est en découvrant les circuits parallèles des cinémathèques et filmothèques que l’auteur a pu s’initier à « un cinéma autrement » et à des cinémas nationaux. Le jugement de Jean-Baptiste Toussaint est très personnel, et l’on se gardera bien de critiquer ses goûts. Mais ici, le meilleur (Ingmar Bergman) côtoie le pire (les mégaproductions hollywoodiennes). Pour un prix analogue (si l’on trouve une version d’occasion), il existe des ouvrages beaucoup plus exhaustifs comme le Guide des films (plusieurs tomes dans la collection « Bouquins » aux éditions Robert Laffont), sous la direction de Jean Tulard, et le Dictionnaire mondial des films de Bernard Rapp et Jean-Claude Lamy (plusieurs rééditions, Larousse), que je ne saurais trop recommander.