Philadelphie, une ville qui, à l’instar de Boston, possède un riche héritage historique et intellectuel. Elle a entre autres été le théâtre de nombreux événements politiques importants lors de la naissance des États-Unis – c’est là que sera rédigée la Déclaration d’indépendance en 1776. Et surtout, la ville est située à un jet de pierre de New York, qu’il fait toujours bon redécouvrir.
Pour me préparer à ma visite, je me suis procuré le Guide Ulysse Escale à Philadelphie de Marie-Eve Blanchard (2015, Montréal, 160 pages) – les guides de la collection « Escale » sont, à mon humble avis, d’excellents ouvrages pour découvrir une destination et ses points d’intérêt – ainsi que le guide Moon Philadelphia de Karrie Gavin (2014, Berkeley, 356 pages), achat qui allait s’avérer inutile. Puis, comme à mon habitude, j’ai effectué des recherches afin de repérer les librairies de l’endroit.
Ces derniers temps, je ne recherche à proprement parler aucun ouvrage particulier mais je reste curieux à propos des livres sur les livres, ce que les Anglo-Saxons nomment « books on books ». Cette catégorie englobe autant les essais sur la reliure ou l’enluminure que les bibliographies, et il m’arrive à l’occasion de trouver un ouvrage dont le sujet détonne suffisamment pour susciter mon intérêt. Puis, je regarde toujours dans la section des récits de voyage pour voir s’il n’y aurait pas un livre ou deux dont l’auteur m’intéresse. Il faut dire que les ouvrages traduits en français, outre certains titres populaires, deviennent rapidement difficiles à trouver. Finalement, j’ai toujours un œil sur les livres qui traitent de sujets hors du commun, voire étranges ou bizarres, idéalement avec illustrations. Bref, je reste ouvert aux découvertes. Pour toutes ces raisons, j’ai effectué des recherches afin de trouver des librairies d’occasion et des librairies spécialisées en art, en design et en architecture, en évitant celles de livres rares accessibles sur rendez-vous – prendre rendez-vous en vacances, vraiment ?

Premier constat : peu de librairies semblent intéressantes, ce qui, selon ma théorie des grenouilles, est mauvais signe. Mais puisque toute théorie doit comporter des exceptions, je décide de passer outre. Second constat : certaines librairies d’occasion sont tenues par des bénévoles et acceptent les dons. Là encore, voilà qui n’augure rien de bon, car bien que je respecte le travail des personnes qui s’impliquent de la sorte, aimer les livres ne vous destine pas nécessairement à être libraire pour autant. Et puisque ces librairies sont tributaires des dons qui leur sont faits, elles ne sont généralement pas très bien pourvues en livres de fonds et encore moins en pièces d’exception. Au fil de mes recherches, une librairie se démarque : la Brickbat Books.
Toutefois, ces signes de mauvais augure sont contrebalancés par une autre information : six mois avant le départ, l’auberge de jeunesse où nous avions prévu aller affiche complet. Bien que malheureux pour ma petite famille, qui doit trouver un autre endroit où dormir, je considère cet état de fait comme synonyme d’un certain dynamisme urbain.
Le soir de notre arrivée, éreintés par dix heures de route, nous arpentons les rues du quartier Rittenhouse Square, en quête d’un endroit où casser la croûte. L’architecture de ce quartier résidentiel fait penser à celle de Boston, avec des maisons très étroites aux façades de briques rouges. Les trottoirs sont particulièrement difformes et inégaux, semblables à un patchwork de différentes dimensions, couleurs et matières. Quelques jours plus tard, j’apprendrai qu’ils sont sous la responsabilité des propriétaires des maisons. Ainsi, devant chacune d’elles, la composition de la surface destinée aux piétons varie, allant du trottoir de briques rouges à la dalle de ciment en passant par toutes sortes d’agglomérés de ciment et de petites roches. L’effet de disparité est d’autant plus saisissant que les maisons sont étroites.
Free Library of Philadelphia

Le lendemain, nous nous dirigeons vers le quartier Fairmount, lieu touristique par excellence de la ville, avec le Phildelphia Museum of Art et son fameux escalier immortalisé par le boxeur Rocky Balboa, le magnifique édifice de la Barnes Foundation et la Free Library of Philadelphia, où nous nous arrêtons pour oser une visite dans la section des livres rares. Sur place, une charmante exposition consacrée aux livres anciens pour enfants nous accueille. Je prends plaisir à contempler ces frêles ouvrages de papier et de carton qui ont survécu aux attaques des mains curieuses des tout petits, ces images qui relèvent d’une technique d’impression d’un autre siècle. Les livres sont disposés dans des présentoirs vitrés tandis que le long des murs, des bibliothèques munies de portes verrouillées et équipées de vitres renforcées pour éviter les larcins contiennent des centaines d’ouvrages rares et anciens, et à défaut de pouvoir en contempler les pages, je laisse mon regard caresser le cuir fabuleux de leur reliure.
Sachant que mon temps est compté – il suffit que mon plus jeune laisse glisser une plainte pour que ma tendre moitié me demande de quitter les lieux –, je tente tant bien que mal d’intéresser mes deux fils au plaisir de contempler ces objets dont certains sont plusieurs fois centenaires, lorsqu’un homme, visiblement un employé de l’établissement, appuyé contre le cadre de la porte de son bureau, me demande : « Vous venez de Montréal ? » Je réponds par l’affirmative, surpris d’avoir été interpellé en français. C’est ainsi que nous faisons la rencontre de Joseph Shemtov, spécialiste en livres rares. Vingt ans auparavant, alors qu’il habitait Montréal, ayant remporté sa carte verte à la loterie annuelle, il avait tenté sa chance de l’autre côté de la frontière, avec succès. Il avait trouvé cet emploi qu’il occupe toujours aujourd’hui. « Vous avez vu la salle de lecture de Elkins ? » Négatif. Il entre dans son bureau, en ressort avec un gros trousseau de clés. Au bout du corridor, il active un certain nombre d’interrupteurs et fait jouer une de ses clés pour ouvrir deux grandes portes en bois.

Le spectacle qui s’offre à nos yeux est tout simplement incroyable : il s’agit du salon de lecture de William McIntire Elkins, éminent bibliophile. À sa mort en 1947, il fera don de tous ses livres mais aussi de son salon de lecture, ce qui comprenait les murs avec leurs imposantes bibliothèques encastrées construites en bois massif, les meubles, les tapis et d’autres objets tel qu’un magnifique globe terrestre. Le déménagement au sein de l’établissement prendra deux années, au terme desquelles naîtra le département des livres anciens. Pour parfaire la reconstitution du salon de lecture, un photographe reproduira à l’identique le paysage qu’Elkins pouvait contempler par les fenêtres à l’emplacement d’origine. Parmi les pièces uniques du legs se trouvent le petit bureau d’écriture et la chaise de Charles Dickens ainsi que Grip, son animal de compagnie que l’auteur fera empailler à son décès, oiseau qui aurait servi d’inspiration à Edgar Allan Poe pour « Le corbeau ». Mais William McIntire Elkins ne sera pas le seul à faire don de ses livres, et la liste des individus l’ayant fait est impressionnante, rappel du riche passé intellectuel de Philadelphie.
En franchissant la porte qui mène à l’extérieur de la bibliothèque, je constate que nous sommes juste devant la librairie The Book Corner, tenue par des bénévoles. Malheureusement, après avoir baigné pendant une heure au milieu de livres rares et anciens, il est difficile de trouver sa pitance avec des paperbacks.
Sur le chemin des librairies
L’après-midi, alors que ma douce et mon plus jeune vont explorer le Franklin Institute, un musée consacré aux sciences et technologies, je prends la direction des librairies en compagnie de mon plus vieux. Au centre-ville, nous visitons la AIA Bookstore & Design Center pour constater qu’il s’agit en fait d’une toute petite boutique située dans un centre de recherche et d’exposition sur l’architecture et l’urbanisme, dont l’entrée est gratuite. Sur un des murs, une exposition peu orthodoxe : une série de dessins et d’esquisses réalisés sur de petites serviettes de table en papier, identiques à celles offertes aux clients qui prennent un verre dans un bar ou sur une terrasse. En contemplant ces œuvres, je réalise qu’il serait probablement impossible de dénombrer le nombre d’idées qui ont été initialement esquissées sur pareil support éphémère.
Nous poursuivons notre route pour traverser Washington Square West, petit quartier résidentiel, et chemin faisant nous pouvons à notre aise observer les gens se déplacer sur les vélos disponibles en libre-service. La ville a implanté le système français Vélib’, et j’ai eu beau les regarder encore et encore, je ne suis pas parvenu à trouver la moindre touche d’élégance à ces vélos, pourtant similaires aux superbes BIXI, ce qui est venu confirmer le niveau de difficulté qu’exige la conception de ce type de mobilier urbain.
Au coin d’une rue, logé au rez-de-chaussée d’un superbe petit édifice, un café, The Last Drop Coffee House (1300 Pine St.), attire mon regard. Pause. L’expresso est excellent. En sortant, je ramasse sans trop réfléchir trois magazines gratuits – j’aime bien lire ce genre de publications qui en disent long sur une ville et ses habitants. Le premier est le Philadelphia Stories, un magazine dont le sous-titre est Cultivating a community of writers, artists and readers across the Delaware Valley. À l’intérieur, 24 pages consacrées à la création littéraire, y compris la poésie et l’essai, et à des reproductions de toiles ou de photographies artistiques pleine page. Le second est le Spoke magazine, une publication récente qui paraît tous les trois mois. Si sa mission première consiste à présenter des articles liés à l’utilisation du vélo au quotidien, le magazine aborde aussi les défis de l’intégration de tous les moyens de transport au cœur même de la ville. Dans le numéro 5, on trouve un article qui analyse la stratégie que le maire a mise en œuvre pour la prévention des accidents de la route, et un autre qui présente différents scénarios afin de réhabiliter un ancien secteur industriel abandonné qui longe le Delaware River.

Le dernier et non le moins intéressant est le mensuel Grid. Sous-titré Toward a sustainable Philadelphia, ce magazine aborde des sujets socioéconomiques et culturels. Par exemple, le numéro 87 présente un dossier sur les enjeux politiques des bouleversements climatiques. Au passage, je prends aussi le numéro 85, car il contient un dossier sur le livre. J’y apprendrai que la ville ne compte plus que trois ateliers de reliure professionnelle, tandis que dans une série d’articles, la journaliste Emily Kovach présente plusieurs librairies. Je compare sa liste avec la mienne. Dans un encadré, elle présente les librairies spécialisées en comic books, qui brillent par leur absence dans ma liste. Justement, quelques rues après le café, nous passons devant Atomic City Comics (638 South St.). À l’intérieur, une vaste section de comics, une sélection de romans graphiques et, surprise, des consoles fonctionnelles de jeux vidéo d’arcade des années 1980. Dans une bibliothèque vitrée, les pièces rares accompagnées parfois d’un petit mot éditorial qui fait sourire. Sur un comic où le chanteur Prince fait sa première apparition, un petit collant indique : No, really, it’s awesome but not for sale.

Quelques boutiques plus loin, nous passons sans nous arrêter devant la librairie anarchique Wooden Shoe Books and Records pour entrer chez Mostly Books (529 Bainbridge St.), une autre librairie tenue par des bénévoles. À l’intérieur, c’est le capharnaüm : les paperbacks s’empilent sans véritable logique, l’espace est délabré, et si ce n’était des livres qui possèdent leur âme bien à eux, l’espace serait morbide. Heureusement l’ensemble sort de l’ordinaire, autrement j’aurais regretté d’y avoir perdu mon temps.
Finalement, nous atteignons la librairie que j’avais identifiée comme étant la plus intéressante de toutes, la Brickbat Books, spécialisée en livres d’artistes, monographies, recueils de poésie, romans et romans graphiques, avec une sélection de livres pour enfants et de disques vinyle. Ici et là, on peut trouver une édition rare ou numérotée. J’y découvre un petit livre sur l’architecte Frank Lloyd Wright, dont la signature globale est intéressante, mais comme le texte est en italien, je passe outre. La librairie est bien aménagée et ses grandes bibliothèques en contreplaqué clair donnent envie de s’y attarder. Je demande à la personne derrière le comptoir s’il existe d’autres librairies d’occasion aussi intéressantes que celle-ci dans les environs. Elle me répond qu’il y en a plein, à commencer par Mostly Books. J’ai envie de lui répondre qu’une accumulation de livres ne fait pas une librairie, mais j’opte pour une vague formule de politesse qui semble lui convenir puisqu’elle se replonge aussitôt dans la lecture du livre dont je l’avais extirpée avec ma question. Contre toute attente, j’en ressors les mains vides et je ne peux m’empêcher de penser que je suis peut-être passé à côté d’un livre qui m’aurait intéressé. Bah, une autre fois, ailleurs.

Deux commerces plus loin, une vitrine où trônent majestueusement cinq magnifiques machines à écrire attire mon attention. Il s’agit de l’atelier-boutique Philly Typewriter, où il est possible de faire réparer ou de se procurer une antique machine à écrire. Son propriétaire, Bryan Kravitz, a travaillé comme réparateur dès 1970 auprès de différentes institutions dont les bibliothèques de Philadelphie et la U.S. Navy. Mais en 1990, l’informatisation le force à cesser ses activités. Ce n’est que 25 ans plus tard qu’il reprendra du service pour réparer ces belles machines qui lentement ressortent des placards. En plus de ses services de réparation et de vente, il offre de participer à des événements afin d’y organiser ce qu’il appelle des typewriter bars. Le concept est simple : il installe sur une longue table une douzaine d’appareils sur lesquels les gens peuvent découvrir, voire redécouvrir le plaisir de taper un texte improvisé sur des pages blanches. Dans la même veine, il organise des ateliers d’écriture lente (slow-writing workshops). Kravitz invite même les gens à passer à la boutique pour faire du recreational typing. Dans une entrevue, il souligne qu’avec l’ordinateur, on peut facilement être distrait (courriel, Facebook, etc.), tandis qu’avec une machine à écrire, toute l’attention peut être portée uniquement sur la rédaction. Et une fois écrit, le texte est impossible à pirater, avantage somme toute non négligeable.
Une librairie dans une grange

Un matin, alors que nous prenons la route pour aller nous promener dans les magnifiques Longwood Gardens, nous nous arrêtons à la Baldwin’s Book Barn. Installée dans une grange en pierres des champs construite en 1822, la librairie compte cinq étages. Dès qu’on franchit le seuil, on est saisi par le décor de l’endroit : les livres sont minutieusement disposés sur des étagères construites à même les murs ou placés sur des meubles antiques. Dans la grande pièce d’entrée, à gauche, on remarque immédiatement le gros poêle à bois qui doit chauffer la pièce pendant les jours d’hiver.
Sur une table, je saisis un plan qui indique les sections pour chaque étage afin de faciliter les recherches, façon de faire qui me rappelle la librairie John K. King de Détroit, visitée l’été précédent. Mais dès les premiers pas au cœur de la grange, je suis fasciné par le délicat équilibre de l’endroit. Ici, le bois est à l’honneur. Les planchers craquent doucement sous chacun de mes pas, et à certains endroits, je dois prendre soin de ne pas me frapper la tête au plafond, ce qui me fait apprécier la taille des madriers de la charpente de l’édifice. À chaque étage, chaque espace, chaque recoin est savamment utilisé, et si parfois les étagères sont disposées de façon exiguë, on s’y promène paradoxalement sans jamais se sentir à l’étroit. Ici et là sont placées de superbes chaises antiques qui invitent le curieux à s’y installer pour plonger dans un livre. Le lieu est à la fois beau et solennel, et dans mon élan premier, je fais le tour de chacun des étages afin d’en découvrir la composition. Ce ne sera qu’une fois tous les recoins découverts que je m’attarderai aux livres. Dans la section des livres sur les livres, j’ai trouvé les tomes d’une série intitulée A History of the Book in America. En regardant attentivement le plan, je constate que la boutique offre de louer des livres avec de belles reliures, écrits en anglais ou en français. Il est aussi possible de se les procurer pour un prix allant de 20 $ à 300 $ le pied linéaire.
La librairie qui attire les touristes chinois
Le dernier jour, nous traversons à pied le campus de l’Université de Pennsylvanie, où nous admirons les édifices centenaires érigés le long d’un sentier parfaitement ombragé sous le couvert de grands arbres matures. À l’une des extrémités du campus, nous jetons un œil à la salle principale de la Fisher Fine Arts Library. À l’autre extrémité, je traverse la librairie anonyme et remplie de paperbacks The Last Word Bookshop, et croise son propriétaire, un chat noir et blanc. Celle-ci me fait penser à la Neighborhood Books (1906 South St.), visitée en coup de vent la veille.

Quelques rues plus loin, j’entre dans la maison victorienne qui abrite la belle librairie House of Our Own (voir l’article du magazine Grid). Je savoure le délicieux arrangement de livres méticuleusement rangés ou empilés, selon leur taille, lorsque je constate qu’un petit groupe d’Asiatiques entre dans les lieux. Une jeune femme engage alors la conversation avec l’homme derrière le comptoir, visiblement le propriétaire, pour lui dire qu’elle est interprète et qu’elle accompagne ce groupe de Chinois en voyage. Lorsque je m’engage dans l’escalier qui mène au second étage, je constate un impressionnant décalage entre l’expression faciale des Asiatiques et celui du propriétaire. Tandis qu’un sourire illumine le visage des premiers, le second ne semble nullement impressionné et paraît presque agacé. À l’étage, les livres sont admirablement bien rangés et l’aménagement des bibliothèques et des livres permet d’apprécier les éléments architecturaux intégrés aux murs, tels que le foyer et les délicates moulures en plâtre.
Une fois redescendu, j’engage la discussion avec l’homme derrière le comptoir. J’apprends qu’il se nomme Greg Schirm, qu’il est le mari de la fondatrice de la librairie. Curieux, je lui demande ce que recherchait le groupe de touristes. Il m’explique alors que la maison aurait été la résidence de Lin Huiyin alors qu’elle était étudiante dans les années 1920. Une fois son diplôme obtenu, elle était retournée dans son pays où elle sera réputée pour ses recherches et travaux qui consisteront à allier l’architecture chinoise traditionnelle à celle, moderne, qui émergeait en Occident. Depuis l’ouverture de la librairie en 1971, de nombreux touristes de Chine qui visitent New York font un détour à Philadelphie pour voir cette maison, ce qui explique l’expression faciale placide du libraire lorsque la jeune fille lui a présenté le groupe de voyageurs. Poursuivant notre discussion à propos du commerce des livres, il me raconte que son établissement est le dernier d’une série de belles librairies d’occasion qui ont toutes fermé, les unes après les autres.

Lorsque nous quittons Philadelphie, nous sommes unanimes : voilà une ville qui n’aura pas été un coup de cœur. Pour les marcheurs que nous sommes, curieux des paysages urbains, la ville est plaisante, offrant une gamme d’édifices de tous les styles et de toutes les époques, de jolis quartiers propres dont l’aspect est similaire à ceux de Boston… Mais il semble manquer quelque chose à cette ville, une âme, une présence, un lien entre son passé historique et la ville qu’elle doit être aujourd’hui.
Dans la semaine suivant mon retour, un souvenir m’est revenu en tête. Pendant notre visite au centre d’architecture AIA Bookstore & Design Center, il y avait une petite exposition de photograhies grand format présentant une demi-douzaine d’édifices de la ville dont les plans avaient été signés par de grands architectes. La dernière photographie était une image de synthèse d’un futur complexe résidentiel écologique. Entre les trois édifices de cinq étages aux toits verts, un jardin avait été aménagé, avec une rivière artificielle. Visiblement, les promoteurs du projet étaient très fiers de cet espace, car cette rivière était située au centre de l’image et tous les traits du dessin amenaient naturellement l’œil vers ce petit plan d’eau. En y regardant bien, j’ai pu constater que cette future construction allait être érigée le long de la rivière Delaware, et qu’au lieu de mettre sa berge en valeur, un stationnement y était projeté. Est-ce que Philadelphie serait une ville qui a tout pour être belle mais qui tourne le dos à l’essentiel ?
C’est sur le chemin vers New York que je termine la lecture de l’article sur les librairies du magazine Grid et que je me rends compte que j’en ai raté une, la Spiral Bookcase (Cotton St.), qui semble détenir une sélection de livres aux sujets étranges. Tout comme je n’aurai pas eu le temps de découvrir la Joseph Fox Bookshop (1724 Sansom St.). Zut. Ce sera pour la prochaine fois.
À venir : New York
Voir aussi :
Tourisme bibliophilique I — La librairie d’occasion est à un quartier ce que les grenouilles sont à un étang : un signe de bonne santé
Tourisme bibliophilique II — Double surprise à Détroit
* Toutes les photographies ont été prises par Manouane Beauchamp.