Esprit subtil et excentrique, fin lettré prodigieusement doué, homme élégant aux goûts raffinés, Oscar Wilde fut parfois apparenté aux romantiques en raison d’une personnalité tragique et narcissique et d’une troublante attirance pour la décadence.
Causeur génial pour les uns, écrivain mineur pour d’autres, il reste l’auteur de célèbres aphorismes, toujours plus profonds qu’il ne semble de prime abord, à l’image, sans doute, de leur créateur.
Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde naît à Dublin le 15 octobre 1856. Il est le plus jeune fils de Sir William Wilde, un chirurgien renommé, charmeur et dépensier, et de Jane Francesca Elgee, une mère exaltée, poétesse nationaliste qui signe ses œuvres sous le pseudonyme de Speranza, parents tout à la fois séduisants et fantasques, une « famille désordonnée, hardie, imaginative et cultivée » selon les termes de W.B. Yeats. À une amie qui lui demandait si elle pouvait amener avec elle, à l’une de ses réceptions, une personne « respectable », Jane aurait répondu : « Voilà une description qui n’aura jamais cours chez nous ». Le ton est donné. Oscar ne tarde pas à manifester un don pour les lettres et l’enfance aurait été heureuse sans le décès prématuré de sa petite sœur Isola : « Toute ma vie est enterrée là, jetez de la terre dessus », écrit-il alors dans un poème.
On dit que Jane éprouvait toujours le besoin d’arranger la réalité, une tendance à enjoliver les faits qu’elle transmettra d’ailleurs à Oscar et qui la poussait notamment à mentir sur son âge. Oscar Wilde dut s’en souvenir, qui fit dire à Lady Bracknell, dans De l’importance d’être constant : « Vous avez parfaitement raison de vous permettre une légère modification. D’ailleurs, aucune femme ne devrait faire preuve de précision rigoureuse quand il s’agit de son âge. Cela paraît si calculateur ».
Dans l’excellente biographie1 qu’il a consacrée à son grand-père Oscar Wilde, Merlin Holland écrit : « Avant la naissance du bébé, Jane aurait, dit-on, été convaincue qu’elle attendait une fille et fort déçue par l’arrivée d’un garçon, si bien qu’elle habilla Oscar en fille jusqu’à ses dix ans, ce qui entraîna, assura-t-on plus tard, son homosexualité. Il faudrait tordre le cou, une fois pour toutes, à cette explication simpliste. À cette époque, les enfants des deux sexes portaient des robes pour des raisons pratiques que comprendra aisément quiconque a dû changer les couches d’un nourrisson ». Il faudrait d’ailleurs tordre le cou à bien des supputations à l’égard d’Oscar Wilde qui ne revendiqua jamais un statut de martyr, pas plus qu’il ne voulut être un militant homosexuel ni moins encore la victime expiatoire d’une société victorienne malade de son déclin.
De la gloire…
À Trinity College, Osar Wilde glane tous les honneurs, remportant la médaille d’or Berkeley pour ses prouesses en grec et recevant une bourse Demyship qui lui permet de poursuivre ses études à Oxford. L’esthète comprend dès lors toute l’importance de la pose : « Quels curieux garçons vous faites, vous autres peintres ! Vous êtes prêts à faire n’importe quoi pour acquérir une réputation. Puis dès que vous l’avez, vous paraissez vouloir vous en débarrasser. C’est bien sot de votre part, car il n’y a qu’une seule chose au monde qui soit pire que d’être la cible des commérages, c’est de ne pas l’être », déclare Lord Henry dans Le portrait de Dorian Gray. Au lendemain de son vingtième anniversaire, le jeune érudit qui promène la moue quelque peu arrogante de celui qui vit dans des sphères supérieures intègre le prestigieux Magdalen College d’Oxford où il étudie les Literae Humaniores (Humanités) : « Les deux grands tournants de ma vie ont eu lieu le jour où mon père m’a envoyé à Oxford, puis celui où la société m’a envoyé en prison », écrira-t-il de la geôle de Reading quelque vingt ans plus tard. Étudiant exceptionnellement brillant, il lit beaucoup et se prépare un destin : « Je ne serai pas un de ces vieux professeurs d’Oxford desséchés. Je serai poète, écrivain, dramaturge. D’une façon ou d’une autre, je serai célèbre et si je ne suis pas célèbre, je serai connu ».
Sans avoir encore rien écrit d’inestimable, Oscar Wilde est déjà immensément célèbre. Partout, on encense ses savoureuses répliques, on glorifie son humour décapant, on complimente son vocabulaire ajusté, on célèbre son exceptionnelle érudition, et on flagorne ses extravagances. Oscar Wilde veut briller. Il flamboie. Ses auditoires sont conquis par une « voix qui avait la texture du velours brun et dont il jouait comme d’un violoncelle ». « De nos jours, pour s’introduire dans le meilleur monde, il faut soit nourrir les gens, soit les amuser, soit les choquer – rien d’autre. Un homme capable de dominer la table d’un dîner londonien peut dominer le monde entier », explique Oscar Wilde par la bouche de Lord Illingworth dans Une femme sans importance.
Il part pour les États-Unis, disant aux douaniers à son arrivée « ne rien avoir à déclarer en dehors de son génie », pour entreprendre une tournée de 140 conférences et développer sa théorie d’« Aesthetic Philosophy », manière d’apologie de l’art de vivre. Si la presse et ses auditoires réagissent le plus souvent par l’amusement, les paroles qu’il prononce à propos de l’attentat contre le premier secrétaire pour l’Irlande, Lord Cavendish, lui valent des éloges : « Quand la liberté arrive les mains souillées de sang, il est bien difficile de les lui serrer. Nous oublions à quel point l’Angleterre est coupable. Elle récolte les fruits de sept siècles d’injustice ».
Auréolé de gloire et enrichi par sa tournée, Oscar Wilde rentre à Londres et passe ensuite quelques mois à Paris où il rencontre toute l’intelligentsia littéraire de l’époque, Charles Baudelaire, Paul Bourget, Victor Hugo, Stéphane Mallarmé, André Gide, Maurice Rollinat, qu’il présente comme le digne successeur de Baudelaire, et Edmond Goncourt qui dresse d’ailleurs de lui un portrait peu flatteur et qui voit en lui un « individu au sexe douteux, au langage de cabotin, aux récits blagueurs ». Le séjour à Paris pose néanmoins les bases d’une francophilie qui ne se démentira jamais. Il voit Sarah Bernhardt qu’il invitera par la suite à jouer le rôle titre de Salomé, drame en un acte écrit en français qu’il dédie à son ami Pierre Louÿs. Ce drame, dont les illustrations d’Aubrey Beardsley seront jugées provocantes, s’inscrit dans le courant orientaliste de la fin du XIXe siècle, qui, sous les artifices exotiques, place l’érotisme au premier plan des préoccupations littéraires, rendant si éloquente la structure de cette pièce symboliste : la tension monte lentement, s’exaspère, culmine, pour enfin se détendre. Richard Strauss en fera un opéra dont le livret est très fidèlement calqué sur le drame d’Oscar Wilde, conscient de la musicalité de son œuvre à propos de laquelle il écrira dans De profundis que les « motifs répétés font ressembler Salomé à un morceau de musique et lui donnent l’unité d’une ballade ».
En 1883, il demande la main de Constance Lloyd, fille d’un célèbre avocat irlandais, cultivée et polyglotte, qui n’hésitera jamais à exprimer ses opinions. Un mariage dont naîtront deux fils, Cyril et Vyvyan. Mais Oscar Wilde flirte bientôt avec l’irrespectabilité qu’engendrent alors les amours interdites. Il aurait ainsi lancé un jour à Aimée Lowther : « Aimée, si vous aviez été un garçon, vous auriez gâché ma vie ».
En 1887, Oscar Wilde rencontre le Canadien Robert Ross dont on dit généralement qu’il fut le premier amant de l’écrivain. Le plus important, néanmoins, est qu’aux heures les plus sombres de la vie d’Oscar Wilde, « Robbie » lui vouera une amitié dévouée et indéfectible et gérera avec un respect et une élégance rares le patrimoine littéraire de l’écrivain à la mort de ce dernier.
La même année, à court d’argent, Oscar Wilde accepte le poste de rédacteur en chef de The Lady’s World (L’univers de la femme du monde) qu’il rebaptise aussitôt The woman’s world (L’univers de la femme) : « Il me semble que pour le moment le magazine s’adresse trop aux femmes du monde et pas assez aux femmes tout court. Il faudrait lui donner davantage d’ampleur de vue, tout en continuant à voir les choses de haut, ne pas se soucier seulement de ce que les femmes portent, mais aussi de ce qu’elles pensent et sentent ».
… à l’avanie
Deux ans plus tard, J.M. Stoddart, éditeur du Lippincott’s Magazine qu’Oscar Wilde avait rencontré lors de sa tournée en Amérique du Nord, débarque à Londres pour commander des œuvres aux écrivains anglais en vogue. C’est pour lui qu’Oscar Wilde écrira Le pêcheur et son âme (que l’éditeur jugera trop court et sans grand intérêt pour un public adulte) et surtout le fameux Portrait de Dorian Gray, son unique roman. On dira de Dorian Gray – salmigondis de perversion, de blasphème et de décadence toutes françaises ! – qu’il est le seul roman français écrit en langue anglaise… Oscar Wilde y développe, dans la préface, sa théorie artistique : « Dire d’un livre qu’il est moral ou immoral n’a pas de sens. Un livre est bien ou mal écrit. C’est tout ».
Le public comme la presse sont révulsés de honte à la lecture de cette dernière œuvre qui sent le soufre. Comme d’autres, le Scots Observer publie une attaque en règle : « L’intrigue, qui traite de sujets réservés au Service des enquêtes criminelles ou à une audience à huis clos, discrédite aussi bien l’auteur que l’éditeur. Mr Wilde est un homme intelligent, artiste, élégant ; mais s’il ne peut écrire que pour des aristocrates dévoyés […], plus tôt il se fera tailleur (ou tout autre métier décent), mieux cela vaudra pour sa réputation et pour la moralité publique ».
Cette même année, en 1891, Oscar Wilde publie par ailleurs un ouvrage fondamental, Intentions, composé de quatre textes – « Le déclin du mensonge », « Plume, pinceaux, poison », « La critique est un art », « La vérité des masques » –, essais hétérogènes où l’écrivain défend la supériorité de l’imagination sur le réalisme, du critique sur l’artiste, de l’esthétique sur l’éthique et de l’art sur la nature.
Comme pour faire écho à une idée chère à l’écrivain selon laquelle la nature rejoint toujours l’art, Oscar Wilde rencontre peu après Lord Alfred Douglas, dit Bosie (petit garçon), brillant étudiant à Oxford de seize ans son cadet, « à l’âme svelte et vermeille qui avance entre passion et poésie » et, pour le grand malheur de Wilde, fils du tempétueux Lord Queensburry qui le mènera à sa perte. Tous les critiques s’accordent à dire qu’il y eut dans la vie de Wilde un « avant » et un « après » Bosie. Avant, la gloire et la vie de prince, après, les humiliations et la déchéance. Avant, des textes drôles, brillants, pleins d’humour et de génie satirique, après, des œuvres moins nombreuses qui conjuguent beauté et douleur, humilité et souffrance.
Car le plus curieux dans l’œuvre d’Oscar Wilde, homme plein de paradoxes hanté par le sentiment de la fatalité, est qu’il écrit avec une prescience presque surnaturelle, inventant ce qui va se produire, de ses Nouvelles fantastiques au Portrait de Dorian Gray qui semble annoncer la rencontre de son mauvais génie, en la personne de Bosie, portrait craché de Dorian, comme lui d’une beauté insolente, aux lèvres finement ourlées, aux yeux bleus et au regard franc, aux cheveux blonds ondulés.
Malgré sa liaison passionnée avec Bosie, les temps sont durs à cette époque pour Oscar Wilde que le succès de scandale du Portrait de Dorian Gray n’a pas enrichi. Le salut lui vient du directeur de troupe George Alexander qui lui commande des pièces de théâtre. Oscar Wilde met ainsi en chantier L’éventail de Lady Windermere, une pièce qui remportera un triomphe auprès du public londonien et qui ne quittera jamais plus l’affiche. Et Oscar Wilde, qui semble avoir trouvé là un gagne-pain efficace en même temps qu’un moyen d’expression littéraire qui lui sied, écrira coup sur coup Une femme sans importance (1892), Un mari idéal (1893), De l’importance d’être constant (1894), dont l’intelligence pétillante doit beaucoup à la « comedy of manners » (comédie de mœurs), sans doute la pièce d’Oscar Wilde la plus aboutie en ce qu’elle s’affranchit des contingences de l’intrigue et de l’anecdote pour être, selon l’idée de Gustave Flaubert, une œuvre sur rien, autrement dit du pur style. La reconnaissance et la fortune l’accompagneront sans discontinuer. Jusqu’au drame.
Le marquis de Queensburry, dont le second fils s’était suicidé après avoir été poussé à bout, dit-on, par un maître chanteur qui menaçait de révéler sa liaison avec Lord Rosebery, désormais Premier ministre, décida de s’épargner le scandale que constituerait la révélation des relations qui liaient son autre fils, Alfred, à l’écrivain alors le plus en vue de Londres. Et Oscar Wilde ne pressentit pas le danger : « L’arrogance née du succès social et littéraire et la conviction d’être, Dieu sait pourquoi, au-dessus des lois jouèrent un rôle, c’est certain, de même que le désir de plaire à Bosie » écrit Merlin Holland2.
Toujours est-il qu’Oscar Wilde porte plainte pour diffamation mais néglige de préparer sa défense tandis que le marquis de Queensburry se fait représenter par Edward Carson, ancien condisciple de l’écrivain à Dublin. Les questions fusent. Quand Carson interroge Wilde sur ses relations avec son domestique – « L’avez-vous jamais embrassé ? » –, Wilde répond ironiquement : « Oh, peste, non. Il était laid à faire peur » et le brillant avocat d’ajouter devant un jury médusé : « Est-ce pour cela que vous ne l’avez pas embrassé ? » Le mal est fait. De plaignant, Oscar Wilde est devenu accusé. Il est condamné le 27 mai 1895 pour outrage aux bonnes mSurs à deux ans de travaux forcés qu’il purgera à Reading. En prison, l’impossibilité de lire ou d’écrire durent lui être la torture la plus insoutenable. Le régime carcéral est si dur (malnutrition, hygiène déplorable, travaux harassants qui consistent à réduire à mains nues la corde en étoupe) que l’écrivain en gardera des séquelles permanentes. La légende prétend que, traumatisé par les inspections quotidiennes des geôliers, Oscar Wilde continuera après sa libération de placer ses effets personnels de manière parfaitement symétrique. Dans De profundis, la longue lettre qu’il adresse depuis la prison à Bosie, émouvante lettre d’amour en dépit des reproches dont il accable son destinataire et qui exprime si magistralement toutes les ambivalences de la passion, Oscar Wilde écrit : « Je n’étais plus le capitaine de mon âme et je n’en savais rien. Je me laissai dominer par toi et effrayer par ton père. Mon discernement m’abandonna. Je ne voyais aucun moyen de vous échapper, à l’un comme à l’autre ».
Sans suivre tout à fait Albert Camus pour qui l’écrivain irlandais est né en prison, on peut légitimement penser que l’incarcération métamorphosa cet être désinvolte en un chantre de la profondeur : « Le vice suprême est la superficialité. Tout ce dont on prend conscience est bien », écrit-il dans De profundis.
Fasciné par le paranormal et les superstitions, qui imprègnent nombre de ses œuvres comme Le fantôme de Canterville, Le crime de Lord Arthur Savile ou encore Le prince heureux et autres contes, Oscar Wilde rendit visite à une chiromancienne à sa sortie de prison : « D’après votre ligne de vie, vous êtes mort il y a deux ans. Je ne peux l’expliquer qu’en supposant que vous avez vécu depuis à travers votre ligne d’imagination », lui aurait-elle dit. « J’adore les superstitions. Ce sont elles qui colorent la pensée et l’imagination. Elles sont les ennemies du bon sens, lequel est l’ennemi du romanesque. »
Brisé et ruiné, Oscar Wilde se fait désormais appeler Sebastian Melmoth (du nom du juif errant dans le roman de son grand-oncle, Charles Mathurin) et s’exile en France. La ballade de la geôle de Reading, vibrant plaidoyer contre l’abomination de la vie carcérale qu’il signe C.3.3, de son numéro de prisonnier, fut publiée en 1898, juste avant la mort de Constance qui avait repris son nom de jeune fille mais qui continua à lui écrire et à lui envoyer des photographies de leurs deux fils (Oscar Wilde avait été déchu de ses droits paternels et ne revit jamais ses enfants). Oscar Wilde mourut avec son siècle, le 30 novembre 1900. Il fut enterré pauvrement à Bagneux, dans la banlieue de Paris. Mais en 1909, Robbie Ross fit transférer sa dépouille au cimetière du Père Lachaise et ses propres cendres furent déposées dans le caveau d’Oscar Wilde : « L’amitié est beaucoup plus tragique que l’amour. Elle dure plus longtemps ».
La légende de celui qui avait déclaré à André Gide « avoir mis tout son génie dans sa vie et son talent seulement dans son œuvre » pouvait éclore.
1. Merlin Holland, L’album Wilde, Du Rocher, Monaco, 2000, 206 p.
2. Ibid.
Œuvres complètes d’Oscar Wilde réunies en volume :
Œuvres complètes, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1996, 1984.
Poésie : Poèmes ; La sphinge ; Poèmes en prose ; La ballade de la geôle de Reading.
Contes et histoires : Le fantôme des Canterville ; Le crime de lord Arthur Savile ; Le sphinx sans secret ; Le millionnaire modèle ; Le prince heureux et autres contes ; Le portrait de Mr. W. H. ; Une maison de grenades ; Le portrait de Dorian Gray ; De profundis ; Lettres sur la prison.
Essais : Les origines de la critique historique ; Intentions ; L’âme de l’homme sous le socialisme ; Quelques maximes pour l’instruction des personnes trop instruites ; Formules et maximes à l’usage des jeunes gens ; Impressions d’Amérique.
Théâtre : Véra, ou Les nihilistes ; La Duchesse de Padoue ; L’éventail de lady Windermere ; Salomé ; Une femme sans importance ; Un mari idéal ; L’importance d’être constant ; La sainte courtisane ; Une tragédie florentine.
Textes traduits de l’anglais par Véronique Béghain, Paul Bensimon, Jean Besson, Henry D. Davray, Bernard Delvaille, Jean-Michel Déprats, François Dupuigrenet Desroussilles, Jean Gattégno, Cecil George-Bazile, Dominique Jean, Marie-Claire Pasquier et Albert Savine ; édition de Jean Gattégno avec la collaboration de Véronique Béghain, Paul Bensimon, Jean Besson, Henry D. Davray, Bernard Delvaille, Jean-Michel Déprats, François Dupuigrenet Desroussilles, Cecil Georges-Bazile, Dominique Jean, Marie-Claire Pasquier et Albert Savine ; introduction de Pascal Aquien.
Œuvres : « Pochothèque », Hachette, 2000 : Poèmes : Poèmes choisis ; La maison de la courtisane ; La sphinge ; L’artiste ; Le faiseur de bien ; Le disciple ; Le maître ; La salle du jugement ; Le maître de sagesse ; La ballade de la geôle de Reading.
Roman : Le portrait de Dorian Gray. Contes et nouvelles : Le fantôme des Canterville ; Le crime de Lord Arthur Savile ; Le sphinx sans secret ; Le millionnaire modèle ; Le prince heureux ; Le rossignol et la rose ; Le géant égoïste ; L’ami dévoué ; La fusée remarquable ; Le jeune roi ; L’anniversaire de l’infante ; L’enfant-étoile ; Le pêcheur et son âme.
Essais et œuvres critiques : Le portrait de Mr. W.H. ; Intentions. Théâtre : L’éventail de Lady Windermere ; Une femme sans importance ; Un mari idéal ; L’importance d’être constant ; Salomé.
Texte autobiographique : De profundis. Édition réalisée sous la direction de Pascal Aquien.
Recueils de pensées et d’aphorismes : Les pensées, Le Cherche midi, 1991 ; Aphorismes, Mille et une nuits, 1995.
Essais et biographies consacrés à Oscar Wilde publiés en français : Jacques de Langlade, Oscar Wilde, Mazarine, 1987 ; Robert Badinter, C.3.3, précédé d’Oscar Wilde ou l’injustice, Actes Sud, 1995 ; Jean-Marc Varaut, Les procès d’Oscar Wilde, Perrin, 1995 ; Robert Merle, Oscar Wilde ou la destinée de l’homosexuel, Gallimard, 1995 ; Robert Merle, Oscar Wilde, De Fallois, 1996 ; Odon Vallet, L’affaire Oscar Wilde, Gallimard, 1997 ; André Gide, Oscar Wilde, Mercure de France, 1998 ; Merlin Holland, Album Wilde 1900-2000, « Grand Format », Du Rocher, 2000 ; Philippe Jullian, Oscar Wilde, Bartillat, 2000 ; Claude Beausoleil, Oscar Wilde, pour l’amour du beau, Le Castor astral, 2001.
QUELQUES APHORISMES D’OSCAR WILDE
Tout portrait peint avec sentiment est un portrait de l’artiste, non du modèle.
La chose la plus banale devient délicieuse dès l’instant qu’on la dissimule.
Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; parfois, ils leur pardonnent.
Chaque fois qu’on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire.
Le seul charme du passé, c’est qu’il est le passé.
Les livres que le monde appelle immoraux sont ceux qui lui montrent sa propre ignominie.
Il me semble avoir démontré qu’entre la célébrité et l’infamie il n’y a qu’un pas, peut-être moins.
L’homme est un animal raisonnable qui se met régulièrement en colère lorsqu’on lui demande d’agir en accord avec les préceptes de la raison.
Le public est extraordinairement tolérant. Il pardonne tout, sauf le génie.
L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs.
Le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu’elle s’interdit.
Toutes les femmes deviennent comme leur mère. Tel est leur drame. Les hommes ne le deviennent jamais. Tel est le leur.
L’homme veut être le premier amour de la femme, alors que la femme veut être le dernier amour de l’homme.
Je vis tellement au-dessus de mes revenus qu’en vérité nous menons, eux et moi, une existence entièrement séparée.
Les femmes ont beaucoup plus de chance que les hommes sur cette terre, beaucoup plus de choses leur sont interdites.
Il n’y a que deux sortes de gens vraiment attrayants : ceux qui savent absolument tout et ceux qui ne savent absolument rien.
Les mélomanes sont absurdement peu raisonnables. Ils veulent toujours que l’on soit absolument muet au moment où l’on ne demande qu’à être totalement sourd.
Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu’au clair de lune et qui, comme punition, aperçoit l’aurore avant les autres hommes.
La vie est tout simplement un mauvais quart d’heure composé d’instants exquis.
C’est toujours un tort de donner des conseils, mais en donner de bons ne vous sera jamais pardonné.