On connaît la vieille légende des six aveugles de l’Hindoustan : invités à palper diverses parties du même éléphant, ils décrivirent ensuite l’animal qui comme un arbre, qui comme une lance, qui comme un serpent, etc.
Même si je n’oserais jamais accuser de cécité les innombrables auteurs qui ont récemment décrit le Québec, soit dans le cadre d’études en cours, soit à l’occasion d’un éventuel référendum, le fait demeure: les angles d’attaque et les conclusions varient tellement d’un ouvrage à l’autre que mieux vaut pour le Québec, comme pour l’éléphant de la légende, ne pas ressembler à la somme de ces perceptions souvent contradictoires.
Arbitrairement, je partagerai ces bouquins récents en quatre blocs. D’abord, ceux qui, allergiques à l’indépendance québécoise, pourfendent cette thèse avec ardeur. Puis, ceux qui traitent du cheminement québécois en se situant à une certaine distance et sans s’y investir émotivement. Un troisième groupe comprend ceux qui attendent du Québec non pas tant un virage ou un statu quo constitutionnel, mais un contenu différent, un projet de société nouveau. Enfin, ceux qui, abordant carrément la question de la souveraineté québécoise, en traitent de façon mesurée et utile.
Les croisés du fédéralisme
Tous ceux que je range sous cette rubrique simplificatrice protesteront, j’en suis assuré d’avance, de leur parfaite sérénité et de leur pur désir d’aider le bon peuple à réfléchir. Le ton adopté m’interdit pourtant de les considérer comme des neutres.
Le titre choisi par Kimon Valaskakis et Angéline Fournier est déjà un étendard : Le piège de l’indépendance1. Le bouquin, d’ailleurs, ne respectera que ce drapeau. L’argumentation est péremptoire, schématique, farcie de préjugés, apocalyptique. Les sources sont toujours choisies en fonction de leur biais centralisateur. Les emprunts à l’histoire subissent la même constante distorsion. Si, d’aventure, on résume les positions des indépendantistes, on le fait en recourant au raccourci et à la caricature. Difficile, par exemple, de prendre au sérieux un ouvrage où le fait que le premier sous-gouverneur de la Banque du Canada soit québécois démontre l’influence du Québec sur les décisions de la banque centrale.
Les auteurs auront beau dire qu’ils n’engagent qu’eux-mêmes en rompant des lances avec le séparatisme, l’Institut Gamma, dont ils sont président et vice-présidente, ne sort pas grandi de cette étude.
On doit malheureusement ranger aussi parmi les plaidoiries simplistes et peu probantes la charge que mène contre l’idée souverainiste un ex-conseiller des premiers ministres Mulroney et Bourassa, Marcel Côté2. Bien qu’occasionnellement plus nuancé que Kimon Valaskakis, Marcel Côté s’en tient quand même, lui aussi, à un seul côté de la médaille. S’il y a doute, il choisira toujours l’hypothèse la plus contraire à la thèse souverainiste. Chacune des difficultés prévues devient un obstacle insurmontable. Ce qui restreint encore la portée de l’ouvrage, c’est que l’économiste Marcel Côté prononce ex cathedra des jugements qui requerraient plutôt la compétence de l’anthropologue, du politologue ou de l’historien. Certains de ses propos sur la question autochtone ou sur la période duplessiste de l’évolution québécoise révèlent, en tout cas, plus de prétention que de rigueur scientifique.
De Gabriel Loubier3, que ma génération a connu comme chef de l’Union nationale (ou Unité-Québec)et chef de l’opposition au Parlement québécois, j’attendais à la fois le regard averti de l’ancien politicien et le recul serein que donne le passage du temps. Si j’ai retrouvé dans sa charge contre la souveraineté quelque chose de la méfiance normande et de la truculence qui faisaient le charme de M. Loubier, j’ai aussi retrouvé sous sa plume, toujours virulents, toujours excessifs, les préjugés qu’il entretenait autrefois contre le parti que son collègue Maurice Bellemare appelait « le péquiou ». Gabriel Loubier se laisse donc aller à affirmer, à propos de la monnaie, de la citoyenneté et de bien d’autres dossiers, des faussetés ou des demi-vérités qui étonnent de la part d’un homme qui a occupé des hautes fonctions et qui, surtout, a eu depuis lors le tempsde s’informer. Gabriel Loubier me paraissait faire œuvre utile en soumettant la souveraineté au jeu de la vérité ; il a perdu sa crédibilité en cours de route en glissant du questionnement à l’opposition systématique. Quand quelqu’un passe trop de temps à mesurer la largeur des piliers d’un pont, on finit par comprendre qu’il n’a pas l’intention de le traverser…
Un cran plus haut, un cran plus près de l’analyse raisonnablement sereine, l’ouvrage de Jean-Pierre Derriennic4 utilise comme arsenal tantôt d’utiles et respectables distinctions sur les divers types de nationalisme, tantôt un catastrophisme assez peu probant. S’il est vrai, comme Jean-Pierre Derriennic le souligne avec justesse, que les référendums trop chaudement disputés divisent les peuples et atomisent les familles, il n’est pourtant pas dit que leurs seuls effets soient nocifs.D’ailleurs, le slogan « il faut en finir » que l’auteur perçoit comme « un des signes annonciateurs classiques de la violence politique » n’a jamais été, dans l’histoire du Québec, ce catalyseur du pire.
L’analyse que mène Jean-Pierre Derriennic au sujet du nationalisme, pour juste qu’elle soit sur le plan théorique, devient étonnamment sélective lorsqu’elle soupçonne les souverainistes, mais eux seuls, de pencher vers le nationalisme identitaire et ses dérapages émotifs. Cette analyse, en effet, ne voit aucun indice de ce nationalisme et ne flaire aucun risque analogue chez les anglophones et les allophones dont les comportements électoraux déjà observables et non pas présumés montrent des tendances infiniment plus grégaires. Étonnant comme ce qui effraie dans un groupe humain semble anodin lorsqu’on le retrouve, amplifié pourtant, dans le groupe voisin…
Un regard détaché
Rédigés à partir de postes d’observation radicalement différents et dans des perspectives également diverses, trois ouvrages relativement récents livrentdu Québec des images renouvelées.
The Quebec Democracy5 présente à un public anglophone, que l’on devine formé principalement d’étudiants, mais qui englobe aussi le classique citoyen anglophone gui veut comprendre, une solide initiation à ce qui caractérise la société québécoise. Quiconque assimile ce contenu se forme une idée passablement juste de ce qu’est, veut, pense la fameuse « société distincte ». On peut, certes, contester tel détail, souhaiter, par exemple, que le duplessisme soit perçu avec plus de nuance ou que le biais indépendantiste des journalistes francophones soit démontré rigoureusement, mais on constate avec plaisir que les jeunes anglophones ont enmain grâce à cet ouvrage collectif un équivalent dans leur langue des synthèses historiques rédigées en françaispar l’équipe de Linteau, Durocher, Robert et Ricard. On les enviera même quelque peu en constatant l’importance que prennent ici des éléments proprement économiques, comme l’influence de la politique de la Banque du Canada sur le cheminement québécois, les gains des francophones dans le contrôle des entreprises ou le rôledes PME québécoises.
Dans Ethnicité et enjeux sociaux6, l’analyse du cheminement et des caractéristiques du Québec, pour des motifs manifestes, devientplus stimulante et révélatrice encore. Il s’agit, en effet, carrément et rigoureusement, du regard que jettent sur eux-mêmes, mais aussi sur l’ensemble du Québec, les leaders de quatre groupes ethnoculturels : des Haïtiens, des Libanais, des Juifs et des Italiens.
Certes, à les lire, on apprend beaucoup sur eux. On sait mieux ce qu’est à leurs yeux le leadership, quelle forme prend l’engagement dans les mouvements associatifs, comment se vit la nouvelle répartition du pouvoir entre hommes et femmes, quelle marge existe entre les différentes générations d’une même origine ethnoculturelle. Mais on en apprend surtout beaucoup sur ce que d’autres cultures pensent et disent du Québec, de ses lois linguistiques, du multiculturalisme fédéral, du racisme, du rapprochement entre les groupes, des enjeux politiques, du système d’éducation, etc.
Deux éléments, parmi bien d’autres, attirent l’attention. D’une part, le jugement sévère porté par plusieurs leaders sur la politique canadienne de multiculturalisme. Ceux-là ont parfaitement compris qu’il s’agit là d’un effort délibéré et passablement cynique de la part du gouvernement central pour banaliser le fait francophone et pour opposer artificiellement immigrants et francophones. Peu tombent dans le panneau et on s’en félicitera. En revanche, nul ne se réjouira du verdict brutal que prononcent plusieurs des leaders ethnoculturels sur le français des Québécois. En fait, si les francophones eux-mêmes se moquent de la qualité de leur langue, ils ne devraient pas s’étonner que les immigrants se préoccupent peu de l’apprendre.
Un enquête fiable et qui livre un contenu d’une importance vitale.
Il n’y a d’ailleurs pas que le regard de l’autre qui puisse modifier l’image que nous nous faisons de nous-mêmes. Celui que nous jetons sur notre passé ébranle parfois, lui aussi, d’heureuse façon les mythes que nous entretenons à notre sujet. Gérard Bouchard et Yvan Lamonde, entourés qu’ils sont d’une batterie de collaborateurs, en font une superbe démonstration dans Québécois et Américains7.
Deux conclusions, entre autres, émergent de ce bouquin riche à souhait. D’une part, une marge considérable a constamment séparé la condamnation presque systématiqueque les élites québécoises prononçaient sur l’américanisme perçu comme délétère et la connivence que la population, elle, se permettait de ressentir et d’entretenir avec la culture américaine. « À bas l’américanisme ! », disaient les élites ; « Vivons américain » caractérisait le mode de vie des gens dits ordinaires. À n’écouter et à ne lire que les élites, jamais on ne soupçonnerait la marque qu’a laissée l’imaginaire américain dans la culture québécoise. D’autre part, l’équipe rassemblée par Gérard Bouchard et Yvan Lamonde fait bien voir, à force d’observer le réel au lieu de s’aligner sur des conclusions prédéterminées, que cette osmose culturelle entre Québécois et Américains a agi de façon sectorielle, sélective, ponctuelle. Ce qui est vrai du roman ne se vérifie pas dans l’architecture religieuse ; ce qui s’observeen 1774 sera faux en 1837. Beaucoup de mythes prennent du plomb dans l’aile, tandis que de nouvelles perspectives s’ouvrent à l’exploration.
Yves Couture, lui aussi, scrute le passé québécois8. Sous un autre angle. Avec des résultats différents, mais tout aussi stimulants.
On simplifierait à outrance la thèse d’Yves Couture si on lui faisait dire que plusieurs Québécois, pour compenser la perte de l’antique absolu religieux, ont vécu l’aventure politique avec une passion tout aussi envahissante et aussi peu négociable. Il y a, oui, cela, mais aussi des différences liées aux personnes, des degrés dans le millénarisme politique, une lucidité méfiante face à l’absolu politique dont les croisés de la religion auraient été bien incapables. Yves Couture a donc particulièrement raison de noter que la situationactuelle, différant en cela du décor ancien, fait coexister deux tendances au lieu d’accorder à une seule le contrôle de l’avant-scène.Oui, dit-il, il y a, d’une part, « une double évolution vers un individualisme satisfait et un État strictement gestionnaire ». mais aussi, d’autre part, « unenouvelle demande d’identité ». Or, c’est cette demande qui, dans certains cas, cherche à se satisfaire dans un certain absolu politique. Thèse fascinante qui s’étoffera d’elle-même à mesure que surgiront des témoignages de convertis. Trop peu se sont racontés à Yves Couture.
Le Québec espéré
On a fait dire tant de sottisesà Hélène Jutras9 que j’abordais sa plaquette avec tout le paternalisme dont je suis capable : « Pauvre petite fille, ne dis pas des choses que tu regretteras plus tard, donne le temps au temps… » Je confesse mon erreur : ce qu’Hélène Jutras dit mérite d’être entendu, retenu, convenablement pris en compte.
Qu’une chose, en effet, soit claire au départ : Hélène Jutras aime son Québec. Les reproches qu’elle lui adresse, cinglants, excessifs, abusivement courroucés, lui font mal à elle autant et plus qu’à tous ceux que ses propos ont choqués.Avant d’esquiver ou d’édulcorer son réquisitoire, qu’on prenne le temps de vérifier si cette médiocrité québécoise qui la « tue » n’est pas terriblement réelle. Discours de droite ou d’enfant gâtée ? Non. Réaction douloureuse face à une veulerie par trop fréquente, colère dictée par une compréhensible déception.
Le manifeste qui découle du Forum pour un Québec féminin pluriel10 adopte un autre ton, mais il incite lui aussi le Québec à une transformation majeure. Issu de l’effort collectif de dizaines de milliers de femmes, le texte que signe la journaliste Colette Beauchamp réclame une société équitable, égalitaire, démocratique, responsable, pacifique, pluraliste et saine.Rien de moins. Sur chacun des sept fronts, il y a, en effet, déficit patent. Chacun de ces sept objectifs reçoit donc un contenu précis.
Litanie de doléances et de voeux pieux ? Pas du tout. Surtout dans la première partie, l’argumentation est serrée, pressante, fluide, concrète. La seconde moitié, qui reflète sans doute l’incontrôlable foisonnement des échanges, juxtapose les choses plus qu’elle ne les harmonise. En l’absence de synthèse, on empile. Comme si l’auteure n’avait pas voulu fusionner d’autorité les voeux contradictoires formulés par des comités ou des ateliers différents.
Fascicule réservé aux féministes militantes? Non. Projet féminin et projet québécois. Même si le Québec global affronte des défis globaux, sa moitié féminine a toujours droit à son rattrapage.
Une souveraineté digne de respect
Plusieurs ouvrages, et non des moindres, scrutent et balisent d’ailleurs ces grands virages constitutionnels qui n’en finissent plus d’ouvrir (et de fermer) des horizons. Ce qui les différencie des titres du premier groupe, c’est d’ailleurs le sérieux, la rigueur, le professionnalisme avec lesquels on conduit l’analyse.
J’avoue, en même temps que ma radicale ignorance en la matière, le plaisir que m’a procuré la très ingénieuse défense de la souveraineté que signe J.R.M. Sauvé, Géopolitique et avenir du Québec11. Nous sommesici dans l’analyse de facteurs que je n’aurais jamais songé à invoquer en appui à la souveraineté : le climat, l’isolement physique, l’oekoumène… Au lieu de blâmer Cartier à la manière de Charlebois, on devrait le remercier de nous avoir choisi un site rébarbatif !
Selon J.R.M. Sauvé, des handicaps apparents, tel le climat, telle la localisation en marge des transhumances et des concentrations de population, agissent comme des cloisons protectrices. Isolé par son site, sa neige, sa sauvagerie, tel pays acquiert et conserve son autonomie mieux que ne parviennent à le faire des pays plus doux et plus fréquemment revendiqués. Et l’auteur de faire témoigner des pays souverains ; Norvège, Danemark, Hollande. Portugal, Suède… Ingénieux ! Seul reproche qu’on puisse lui adresser, c’est de ne pas s’en être tenu jusqu’à la fin au cadre qu’il s’était fixé. Convaincant quand il parle géopolitique, J.R.M. Sauvé l’est moins quand il s’aventure dans des disciplines qui lui sont moins familières.
Bien sûr, il aurait été anormal d’établir une bibliographie même sommaire des textes constitutionnels sans y inclure une production de Léon Dion12.L’homme, en effet, fait partiedu groupe restreint des stoïques et des patients qui, depuis des décennies, n’ont cessé d’examiner les relations Québec-Canada. Léon Dion est également de ceux, plus rares, qui savent étonner les lecteurs.
Ce dernier ouvrage ne contient que peude pages inédites. On y relit ce que Léon Dion a publié depuis 1980 soit dans La Pressesoit dans Le Devoir. Malgré cela, on prend intérêt à suivre une pensée aussi disciplinée, aussi lucide dans son jugement sur les hommes et les événements. La surprise – la déception, devrais-je dire – n’en est que plus totale lorsqu’on lit, en conclusion de cette rétrospective, un texte inédit où l’on ne retrouve rien de l’équilibre, des nuances, de la sérénité qui avaient caractérisé les 300 premières pages. Léon Dion, qui s’était montré capable de pardonner les pires roueries des Bourassa et des Trudeau et de minimiser le côté gavroche de René Lévesque, se révèle hargneux et méprisant à l’endroit de Jacques Parizeau. Ce qui déconcerte, ce n’est pas que celui qui n’a jamais caché son attachement au fédéralisme réponde non à la question qui n’est pas encore formulée (alors qu’il a voté oui en 1980), c’est qu’il adopte un ton cassant qui n’est pas le sien.
Jacques Brossard, quant à lui, m’a entraîné dans un cheminement inverse. J’avais lu d’abord la modeste plaquette intitulée 5 réponses politiques aux inquiets13. Je n’avais vu là rien de plus qu’un message adressé non pas aux inquiets, mais aux souverainistes déjà gagnés à la cause. Quand pleuvent les démonstrations longuement méthodiques et que se mobilisent les signatures les plus prestigieuses, je ne voyais guère d’attraits à une aussi succincte liste de conclusions. Je n’en vois d’ailleurs pas beaucoup encore…
Le choc était à venir.Ce choc, je l’ai subi en entreprenant et en poursuivant la lecture du monumental ouvrage du même Jacques Brossard, L’accession à la souveraineté et le cas du Québec14 paru en 1976, qu’on vient de rééditer. Magnifique, exemplaire, indispensable. Cette fois, on ne fait pas dans la miniature, ni dans le survol, ni dans le cliché. Jacques Brossard, pas à pas, aborde une à une toutes les questions que soulève l’accession d’un pays à la souveraineté, les déploie, les simplifie… et y répond. Il raconte ce qui s’est passé lors de l’accession à la souverainetéde Singapour, de l’Algérie. de la Norvège, du Sénégal, etc. II explique ce que dit le droit international au sujet du partage de la dette, du transfert des actifs, de la citoyenneté, de la stabilité du territoire, des droits des autochtones, de l’entrée à l’ONU, que sais-je encore? Et tout cela, qui pourrait se révéler indigeste et prétentieux, demeure d’une clarté parfaite. On lit, on comprend, on s’emporte contre ceux qui, au lieu de lire Jacques Brosard, ont tout embrouillé.
Donc, un conseil à l’intention de ceux et celles qu’intéresse la question constitutionnelle : lisez d’abord Brossard ! Donc, une mise en garde : si, après avoir lu Brossard, vous commettez l’erreur de lire quand même les approximations d’un Marcel Côté, d’un Kimon Valaskakis ou d’un Gabriel Loubier, vous vous exposez à de subites hausses de votre pression sanguine. Donc, un regret, qu’attendent les constitutionnalistes d’aujourd’hui pour procéder à une remise à jour complète et systématique d’un pareil instrument ?
1. Le piège de l’indépendance, Le Québec sera-t-il affaibli par la souveraineté ?, par Kimon Valaskakis et Angéline Fournier. L’Étincelle. 1995. 207 p, 17,99$.
2. Le rêve de la terre promise, Les coûts de l’indépendance, par Marcel Côté, Stanké. 1995. 266 p. ; 22 $.
3. Québec-Canada : pays de mes chicanes, Favoriser la dignité du Québec, par Gabriel Loubie, Quebecor, 1995, 187 p. ; 19.95 $.
4. Nationalisme et démocratie, Réflexion sur les illusions des indépendantistes québécois, par Jean-Pierre Derriennic, Boréal. 1995, 144 p. ; 17.95 $
5. The Quebec Democracy, Structures, Processes and Policies, par Guy Lachapelle, Gérald Bernier, Daniel Salée et Luc Bernier, McGraw-Hill Ryerson, 1993, 484 p. ; 27.95 $.
6. Ethnicité et enjeux sociaux, Le Québec vu par les leaders de groupes ethnoculturels, par Micheline Labelle et Joseph J. Levy, Liber, 1995, 380 p. ; 23 $
7. Québécois et Américains, La culture québécoise aux XIXe et XXe siècles, sous la dir. de Gérard Bouchard et d’Yvan Lamonde, Fides, 1995, 421 p. ; 29,95 $.
8. La terre promise, L’absolu politique dans le nationalisme québécois, par Yves Couture, Liber, 1994, 222 p. ; 21 $.
9. Le Québec me tue, par Hélène Jutras, Intouchables, 1995, I 13 p. ; 17,90 $.
10. Pour changer le monde, par Le forum pour un Québec féminin pluriel, Écosociété. 1994, 149 p. ; 14,95 $.
11. Géopolitique et avenir du Québec, par JRM. Sauvé, Guérin, 1994. 349 p. ; 29,95 $.
12. Le duel constitutionnel Québec-Canada, par Léon Dion, Boréal 1995, 378 p. ; 29,95 $
13. 5 réponses politiques aux inquiets, par Jacques Brossard, Leméac, 1995, 55 p. ; 5,95 $
14. L’accession à la souveraineté et le cas du Québec, Supplément de Daniel Turp, par Jacques Brossard, Les Presses de l’Université de Montréal, 1995 (première éditions 1976). 853 p. ; 36 $.
EXTRAITS
« De quelle porte s’agit-il ? D’une porte d’entrée ou d’une porte de sortie? Il semble bien que, depuis trois siècles, le Kébèk ait supporté de demeurer dans le vestibule, entre les deux portes de sa réalité politique, incapable encore de porter la responsa bilité de son choix en ce qui concerne sa sortie du Canada ou son entrés dans le Kébèk, par la grande porte. Au seuil du troisième millénaire, le Kébèk sera-t-il l’âne de la fable, mort de soif, entre deux puits ? »
« Entre deux portes », p. 13.*
« Pourquoi faut-il qu’un peuple ne puisse habiter son pays
clé en main
« Et comment sa mère peut-elle partir en glissant la clé du pays sous la porte »
« À la porte du Kébèk
(Du sombre au foncé) », p. 63.
« J’ai ouï dire
que Séraphin a brûlé avec son or dans ses guenilles
que Lesage a nationalisé l’électricité
que Johnson parlait d’entrer dans la course de la modernité
en menaçant de déclarer l’indépendance
que Lévesque a failli faire
que Bourassa a failli à faire
et que le Kébèk est toujours à la porte
de sa liberté de dire oui ou non
à sa dépendance ou à son indépendance »
« Les indépendants », p. 79.
« … ils ont toujours choisi pour nous
Nous n’avions pas le choix
On ne peut faire échec au roi
quand on marche à genoux
« Ça faisait plus de 300 ans qu’on n’avait pas eu le choix
Mais on l’a eu il n’y a pas longtemps le NON des Kébékois »
« Les Canayens », p. 68.
« On s’est saigné à blanc pour la molle seigneurie 400 000 livres par an
des plus riches pelleteries […]
« Même Dollard des Ormeaux pour avoir plus de peaux est devenu un héros
en y laissant sa peau »
« Les Français », p. 65.
« On a chanté le Te Deum
sur les ruines du peuple iroquois
comme sur le peupla kébékois
après le référendum
« On fait toujours plus facilement
et peut-être encore pour longtemps
un Canadien avec un Kébékois
qu’un Kébékois avec un Canadien
dira le patron des villageois
qui viennent manger dans sa main »
« Les Iroquois », p. 67.
*Tous les extraits proviennent de Kébèk à la porte (Poèmes politiques : 1967-1993), par Raoul Duguay, « Québec 10/10 Actuel », Stanké, 1993, 219 p.; le titre du poème et la page sont indiqués pour chacun des extraits.