Chrystine Brouillet, la « mère » de la célèbre détective Maud Graham, et l’écrivaine Marie-Ève Sévigny, qui dirige la Promenade des écrivains à Québec, se sont unies pour créer ce beau livre qu’est Sur la piste de Maud Graham1.
Il s’agit d’un ouvrage de qualité, de grand format et sur papier glacé, agrémenté de nombreuses illustrations, dont les remarquables photographies de Renaud Philippe.
Huit promenades sont proposées aux lectrices et lecteurs : sept à Québec et une à Montréal. Des promenades sur les pas de la détective « Biscuit », que l’on accompagne au cours de ses enquêtes qui ont mené à l’arrestation de plusieurs criminels. Enquêtes qui se sont tout de même déroulées dans un cadre pittoresque et plein de charme. Décomposées en étapes, ces marches, dans le Vieux-Québec et un peu plus loin, portent des noms évocateurs pour les lecteurs de la série policière : « Méfiez-vous des Plaines » (de l’avenue Wilfrid-Laurier à la terrasse Dufferin), « Le traversier de Maud et Grégoire » (la traverse Québec-Lévis), « Meurtres à vélo » (la promenade Samuel-de Champlain), « Les flâneries d’un légiste hédoniste » (le Plateau Mont-Royal), « Désirs d’exotisme » (le Vieux-Port de Québec), « La nostalgie des vieux murs » (le quartier latin), « Filatures » (le faubourg Saint-Jean-Baptiste), « Bruncher dans le quartier flambant » (le faubourg Saint-Roch).
Sont également proposés de « grands détours » par Paris, où la détective a pris des vacances, Rome, là où Maud Graham a accompagné son amoureux Alain, qui participait à un colloque, dans Sous surveillance, ainsi qu’un autre par Istanbul, ville chargée d’histoire évoquée dans Silence de mort. Au long des promenades, vous découvrirez ou retrouverez, par le texte et par la photographie, l’édifice Le Concor
de, la rue d’Auteuil, l’hôtel du Parlement, l’ancien palais de justice, le parc des Gouverneurs, l’incontournable château Frontenac, le funiculaire, l’escalier du Cap-Blanc, l’église au clocher penché, le quai des Cageux, le bassin Louise, la Pointe-à-Puiseaux, des ruelles vertes de Montréal, et encore bien d’autres endroits attrayants, aux noms souvent méconnus et harmonieux.
Comme sa créatrice, la détective de Québec s’avoue gourmande. D’où l’idée d’insérer plusieurs recettes, allant du « sandwich bookmaker » au clafoutis aux petits fruits de Maud, en passant par le spaghetti à la carbonara de Grégoire, recettes qui sont pour la plupart regroupées à la fin du volume. Une cinquantaine de « bonnes adresses », elles aussi propres à mettre l’eau à la bouche, permettent de découvrir des épiceries fines, des restaurants et des cafés qui se distinguent. Des adresses se trouvant sur les trajets arpentés par Maud Graham et, bien sûr, par Chrystine Brouillet. Des endroits aux mets et gâteries auxquels il est difficile de résister. C’est ce qui fait écrire aux auteures que « marcher fait grossir ». Certains des lieux « gourmands » mentionnés font même remonter dans le temps : Le Laurentien, Le Chantauteuil, la confiserie Cassulo & Copeman, Le Ballon Rouge à Québec, le Area et Il Sole à Montréal, tous aujourd’hui disparus. Mais plusieurs autres, heureusement, sont encore bien vivants : le Laurie Raphaël, Le Petit Cochon Dingue, La Grolla, le Paparazzi, le Panache, L’Échaudé, Chez Temporel, entre autres. À Montréal : les restaurants La Chronique, Leméac, Pizzaiolle, Portus calle, Accords ; les cafés Vasco de Gama et Ferreira.
L’histoire tient une place appréciable dans cet ouvrage. Qu’il soit entre autres question de l’origine des tours Martello, érigées sur les plaines d’Abraham, de l’arrivée d’Abraham Martin à Québec vers 1620, de l’édifice Pamphile-Le May, siège de la bibliothèque de l’Assemblée nationale, des anciens marchés publics, des vieilles stèles du cimetière Saint-Matthew, de l’âge d’or des grands magasins du quartier Saint-Roch, des feux ayant dévasté ce quartier, ou de l’ancien quartier chinois de Québec.
Parmi les références historiques, il faut mentionner celle consacrée à la terrasse Dufferin, construite sur le site même du fameux château Saint-Louis, remontant au Régime français. Sous le Régime britannique, la résidence des gouverneurs est détruite par le feu en 1834 et une promenade est aménagée à cet endroit. En 1878, elle est agrandie sous l’égide du gouverneur Dufferin.
En somme, Sur la piste de Maud Graham est un bel ouvrage qui fera le bonheur, non seulement des fans de la détective, mais aussi des amoureux de la ville de Québec qui voudront découvrir des itinéraires de promenades, des adresses « gourmandes » ainsi que quelques notes historiques.
1. Chrystine Brouillet et Marie-Ève Sévigny, Sur la piste de Maud Graham, Promenades et gourmandises, avec les photographies de Renaud Philippe, Parfum d’encre, Montréal, 2014, 334 p. ; 34,95 $.