En juillet 2023, Milan Kundera aura quitté « la planète de l’inexpérience », ce monde où on ne vit, plus ou moins maladroitement, qu’une seule fois, ce monde dans lequel nous avançons à tâtons sur des « chemins dans le brouillard » où nous risquons sans cesse de nous égarer. Il laisse derrière lui une œuvre remarquable, profondément et volontairement irrécupérable, inscrite dans un dialogue continu avec l’histoire de son art, le roman – et pourtant, et c’est peu dire, il aura tant donné à l’essai.
Du roman, Kundera recherchait la sagesse, et la sagesse qu’il cherchait passait par ce que peut nous apporter le savoir romanesque : l’ironie (contre le kitsch, qui consiste à tout prendre au sérieux, contre ceux qu’il appelait, à la suite de Rabelais, les agélastes, « ceux qui ne rient pas »), l’ambiguïté, l’incertitude engendrée par la polyphonie où se relativisent les voix, les consciences et les vérités. À cela . . .
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