ÉCRIRE EN ACADIE SUFFIT
Ensemble, chacun chez soi / nous coupons la tête de ceux celles / qui parmi nous hier
dépassent un peu trop aujourd’hui / et qui ont oublié la chansonnette
Emma Haché, « L’onde inversée », p. 19.
L’une a fondé le Théâtre Vent debout, l’autre dirige le Festival acadien de poésie. Emma Haché, en couverture de ce numéro automnal, est l’autrice d’une œuvre théâtrale incontournable, exigeante et stimulante, universelle et ancrée dans sa communauté – mais rarement représentée en Acadie –, essentiellement publiée en Belgique… Sondant le paradoxe, Benoit Doyon-Gosselin lance le message : L’intimité (2003, Prix du Gouverneur général), première pièce éditée d’Emma Haché, fêtera ses vingt ans en 2023 et vieillit magnifiquement bien. Il serait temps de la (re)voir sur scène !
« Entre la finesse de la mer et la puissance du grain de sable » loge Jonathan Roy. Louis-Martin Savard s’est entretenu avec lui de la manière dont on peut s’investir physiquement dans une poésie en mouvement qui s’incarne beaucoup par le souffle et la vocalité. A aussi été évoqué le fort potentiel métaphorique d’un lexique acadien contemporain qui n’avait à ce jour pas encore accédé à la littérature. Le recueil idéal de Jonathan Roy serait à la fois humaniste et hyper-acadien – sans nécessairement nommer l’Acadie. Car « le simple fait d’écrire en Acadie suffit ».
Deux autres entretiens vous sont proposés dans ce numéro. Avec François Lavallée, dans « Traduire le désert », nous rencontrons la traductrice littéraire Agnès André et voyons un peu comment le Seasons: Desert Sketches d’Ellen Meloy s’est converti en C’est d’ici que nous observons d’autres villes croître à en perdre la raison.
« Aller au-devant du monde », celui de la Française Judith Chavanne, c’est ce que nous propose Michel Pleau. Les deux poètes, profondément marqués par l’œuvre de Philippe Jaccottet, semblent se rejoindre dans une expérience poétique qui se vit « dans le secret de soi ». De son premier recueil (Entre le silence et l’arbre) au récent Peut-être des lis, la patience et le temps forment la substance des poèmes de Judith Chavanne.
[L]a vraie utilité de la science […], c’est de nous donner une meilleure lucidité
sur le monde et, dans le monde, sur nous-mêmes.
Albert Jacquard, p. 13.
Qu’ont en commun Albert Jacquard, Andrée A. Michaud, François Ricard, Anne-Marie Garat ou encore Fernand Dumont ? Voici le troisième volet de « Quarante ans de portraits d’écrivain(e)s », un survol en images – et en quelques mots – de quatre décennies de littérature à travers les photographies d’Anne-Marie Guérineau. À suivre !
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