Les éditions Trait d’union ont créé une nouvelle collection – « Spirale » – dans l’esprit de la revue homonyme, qui réunit de brefs essais sur des sujets d’actualité ou des thèmes à caractère éthique, politique, esthétique ou poétique, abordés selon un prisme personnel et sur un ton qui se veut littéraire, ou polémique, ou réflexif.
Roumanes, docteur en philosophie et critique d’art, a inauguré cette collection en consacrant son premier essai à la conscience esthétique, thème qu’il traite comme artiste d’une part, d’un point de vue conceptuel, comme philosophe, de l’autre. « Avant l’Égypte, il n’y a pas de mémoire. Pas de Poème. Pas d’Histoire. […] Rien. Avant signifie simplement : avant la mémoire. » La société des cœurs1 est une petite merveille d’intelligence, écrite dans un style élégant et, encore que d’un haut niveau, parfaitement accessible. Car « il n’y a jamais rien à craindre ni des modes ni de la critique Une seule chose reste indémodable : l’esprit. Encore faut-il en être pourvu pour en prendre conscience. Fût-ce pour en douter ! »
Avec Bleu de Delft2, deuxième titre de la toute nouvelle collection, Louise Warren, poète, nous invite à visiter ses « archives de solitude », un recueil de pensées fugitives et intimes jetées sur la page comme s’il s’agissait d’un journal qui se serait peu à peu métamorphosé en traité. Sous le mot « ombre », on lit : « L’ombre de cette main qui n’écrit pas, mais qui vers la corbeille avance. » Tous les autres mots qui l’escortent sont pareillement accompagnés de commentaires souvent exquis, tous empreints de finesse.
Un premier titre prometteur dans une collection novice, c’est bien. Deux titres initiaux réussis, ce n’est plus de la chance… Souhaitons donc longue vie à cette « spirale » de talents.
1. Roumanes, La société des cœurs, ou la passion de penser, Trait d’Union, Montréal, 2001, 106 p. ; 17,95 $.
2. Louise Warren, Bleu de Delft, Archives de solitude,Trait d’Union, Montréal, 2001, 110 p. ; 17,95 $.