Longtemps, je me suis couché de bonne heure en apportant au lit le premier des quatre tomes d'À la recherche du temps perdu, édition de la Bibliothèque de la Pléiade, qui m'avaient été offerts par Madeleine, une maîtresse qui voulait sans doute me transmettre, par ce geste, un message subliminal (peut-être s'agissait-il de suggérer un désir de plus de lenteur, de plus de détours dans nos coïts tumultueux ?) avant de me quitter sans prévenir et sans fournir la moindre explication, comme si, en adoptant successivement des attitudes contradictoires, elle cherchait à annuler, par une sorte d'effet d'addition/soustraction, le souvenir – la réalité factuelle même ! – de notre liaison.
Longtemps, donc, je me suis couché de bonne heure en me disant : ça y est, ce soir, je m'y mets sérieusement ; ce soir, je me donne six mois pour passer à travers ce que plusieurs experts considèrent comme . . .
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