Territoires
On peut habiter un continent, penser bien le connaître sans en mesurer pour autant les dimensions profondes. Du Territoire sauvage de l’âme au Territoire dans les veines, Louis-Martin Savard nous propose, suivant les pas de Jean-François Létourneau et sous l’éclairage de la contribution grandissante des écrivain(e)s des Premières Nations, de « redresser les cadastres » du récit d’un Nouveau Monde pas si nouveau.
Les journaux de deuil contemporains constituent-ils un genre littéraire ? Est-il acceptable sur le plan éthique d’assimiler la mort de l’être aimé à un matériau littéraire ? Nous voici en terrain sensible et complexe, poignant et souvent cru, celui de Toute histoire de deuil [qui] est une histoire d’amour. Jean-Paul Beaumier nous invite à plonger avec lui, à la suite de Maïté Snauwaert mais aussi de Roland Barthes, Joan Didion, Joyce Carol Oates, Jean-Marie Laclavetine… dans ces œuvres littéraires non fictionnelles qui brisent un fort tabou social et où « l’intensité du chagrin ressenti […] est le prix à payer pour avoir aimé ».
Un grand merci à la photographe Dominique Parent pour son image (p. 10) aussi éloquente qu’émouvante et sereine.
Avec Michel Giguère et la rubrique « Cases libres », nous ouvrons, dans les pages de Nuit blanche, un nouvel espace entièrement consacré au monde en plein essor de la bande dessinée. Dans ce numéro : reportages, essais, biographies, carnets, histoire… Nombreux sont les angles sous lesquels aborder l’aire, vaste au demeurant, de « La BD documentaire au Québec ».
Plus de 200 ans après la publication du roman épistolaire Frankenstein ou le Prométhée moderne, Mary Shelley fascine toujours. Dans « Le vertige, le tableau et le monstre », sous la rubrique « Le livre jamais lu », Raphaëlle B. Adam jette son dévolu sur le livre fondateur de la science-fiction (son propre créneau de création) qu’est Frankenstein.
Mais d’abord, rencontrons en entretien la nouvelliste (Servitude, 2020), romancière (Venefica, 2023) et chroniqueuse littéraire spécialisée en imaginaire. Par Patrick Bergeron : « Les plaisirs hantés de Raphaëlle B. Adam ».
En entretien, aussi : « Hélène Leclerc, la collectionneuse d’instants ». Elle habite le monde en poète et a fait de la pratique du haïku un engagement profond. Michel Pleau a recueilli ses propos.
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En couverture de ce 173e numéro et pour accompagner l’article « Jean-François Létourneau. Redresser les cadastres du récit continental » de Louis-Martin Savard (p. 18), une image de Sophie Gagnon-Bergeron tirée de Grand Feu.
Projet de création en art visuel où le médium photographique et la matière textuelle servent à croiser deux regards sur le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean,Grand Feu montre les traces d’un événement mythique et tragique du passé de la région : le grand feu de 1870. Il est le fruit de la collaboration des photographes Nicolas Lévesque et Sophie Gagnon-Bergeron. Ces partenaires de création posent, depuis une dizaine d’années, leurs regards et leurs objectifs sur nos façons collectives et intimes d’habiter le territoire.