La présente édition chez Boréal de Chasseur au harpon (Uumajursiutik unaatuinnamut), paru initialement il y a 50 ans, propose pour la première fois une traduction en français établie à partir du texte original et intégral en inuktitut, et non à partir de son adaptation en anglais.
Selon Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu, traducteurs de cette édition, la première version anglaise de l’œuvre comportait plusieurs écarts avec le texte original en inuktitut. « Chaque fois que l’on prend des éléments culturels autochtones et les force à s’adapter au grand public plutôt que de leur permettre d’être ce qu’ils sont, […] c’est problématique. […] C’est intrinsèquement colonialiste de dire que c’est aux artistes autochtones de s’adapter à nous ».
Chasseur au harpon, roman de l’écrivain et pilote d’avion Markoosie Patsauq, expose quatre points de vue différents et « plonge le lecteur dans le quotidien d’une communauté inuite et dans la dynamique culturelle entre les hommes et les femmes ». À travers cette aventure rocambolesque « marquée de bout en bout par la violence et la mort », l’auteur nous raconte comment des chasseurs ont pourchassé l’ours polaire ayant attaqué leur campement et éviscéré plusieurs de leurs chiens.
Les ours mettent souvent les hommes en échec, même quand ils sont traqués. La chasse à l’ours est la plus exigeante de toutes. Parfois, si un ours est arrêté par les chiens, il peut les tuer. Parfois aussi, il peut tuer un homme. Les ours blancs sont terribles. On les chasse malg
ré tout, car il n’y a pas le choix. Ils donnent de la nourriture et des vêtements.
Markoosie Patsauq, connu dans le monde entier pour ses textes de fiction et pour son dévouement à la défense des intérêts de son peuple, est mort en mars 2020 à Inukjuak, village du Nord-du-Québec où il était né.