Des images et des images qui témoignent de la spontanéité, de l’imagination et de la synesthésie de la narratrice, Miranda Simon, dix-sept ans. À l’aube de la vie adulte, Miranda en est à son quatorzième cahier.
Elle y dessine, décrit et raconte ses rêves et sa vie. La vie ordinaire d’une fille ordinaire que l’aptitude au bonheur métamorphose en être solaire. Le retour sur l’enfance dès le premier chapitre suggère que là a été semée la graine de la vie magique. Des parents qui s’aiment et qui l’entourent de tendresse, qui l’initient aux beautés de la nature, de la musique, qui encouragent sa curiosité et son goût pour le dessin et l’écriture ; bref, une enfance, tel un trésor, qui fera ressurgir la magie qui s’était endormie après le décès de sa mère alors que « [l]a beauté du monde était partie se cacher dans un trou ». Miranda n’a que neuf ans au décès de sa mère. Mais les images de l’enfance, un père attentif et une vive curiosité ramèneront la vie magique. Avant même que le désir amoureux ne la titille, elle s’interroge sur sa sexualité, ses camarades de classe prétendant avoir fait leurs premières expériences. Miranda n’a pas oublié l’éducation sexuelle reçue de sa mère, Marguerite, quand elle n’était âgée que d’environ six ans. Le chapitre huit relate à merveille cet enseignement. À l’aide des dessins de coupes de corps féminin et masculin de Léonard de Vinci, Marguerite lui explique avec sensibilité et autant de précision que de finesse d’où viennent les enfants. Elle lui parle de l’amour, du respect mutuel et même des fluidesqui sont le signal du bon choix et du désir. Miranda reconnaîtra le signal quand un nouvel élève arrivera dans sa classe. C’est Nassim. Comme elle, il aime les livres, la musique, la nature. Et la cabane à l’orée du bois que Miranda a aménagée avec l’aide de son père est toute prête…
En somme, La vie magique raconte l’histoire d’une adolescente de son temps, ouverte et heureuse, comme il en existe probablement beaucoup, quoi qu’en dise la rumeur ambiante. Une vie presque ordinaire mais qu’auréole un style original, une écriture vivante et riche d’images inattendues. Natalie Jean, un nom à retenir, une écrivaine à suivre.